vendredi 31 octobre 2008

Fables du temps présent

Pour se détendre, voici deux petites fables amusantes qui circulent un peu partout sur le net.
(Que ceux d'entre vous qui les connaissent déjà me pardonnent) :

La finance c’est quoi ??

Une fois dans un village, un homme apparut et annonça aux villageois qu’il achèterait des singes pour 10 $ chacun.

Les villageois, sachant qu’il y avait des singes dans la région, partirent dans la forêt et commencèrent à attraper les singes. L’homme en acheta des centaines à 10$ pièce et comme la population de singes diminuait, la chasse était moins facile et les villageois arrêtèrent leurs efforts.

Alors, l’homme annonça qu’il achèterait désormais les singes à 15$.

Les villageois recommencèrent a chasser les singes. Mais bien vite le stock s’épuisa et les habitants du village retournèrent à leurs occupations.

L’offre monta à 20$ et la population de singes devint si réduite qu’il était rare de voir un singe, encore plus d’en attraper un.

L’homme annonça alors qu’il achèterait les singes 50$ chacun. Cependant, comme il devait aller en ville pour affaires, son assistant s’occuperait des achats.

L’homme étant parti, son assistant rassembla les villageois et leur dit : « Regardez ces cages avec tous ces singes que l’homme vous a achetés. Je vous les vends 35$ pièce et lorsqu’il reviendra, vous pourrez les lui revendre a 50$. »

Les villageois réunirent tout l’argent qu’ils avaient, certains vendirent tout ce qu’ils possédaient, d’autres hypothéquèrent leur future récolte, et ils achetèrent tous les singes.

La nuit venue, l’assistant disparut. On ne le revit jamais, ni lui ni son patron. Les deux compères avaient disparu. Il ne restait que des singes qui couraient dans tous les sens…

Bienvenue dans le monde de la bourse !

PS: Afin d’éviter toute confusion :
Les mots Subprimes, Produits dérivés, Titrisation, Stock options ont été remplacés par Singe.
Les mots Clients, Pigeon ont été remplacés par Villageois
Et SG, Fortis, Dexia, CE, CA, Calyon ont été remplacés par nos deux compères


La Loterie du cheval mort

Once upon a time, le jeune Bob vivait au fond du Nebraska.

Un jour il décide de devenir riche, lui aussi. Pour démarrer, il choisit d’acheter un vieux cheval à un cowboy. Il emprunte sans difficulté 500 dollars à la banque du coin, qui aime par dessus tout les jeunes gens audacieux ; il verse au cowboy la totalité de la somme empruntée, et ce dernier lui promet la livraison, ferme, du canasson pour le 10 du mois.

Las ! Une semaine plus tard, le cowboy vient voir Bob pour lui annoncer une mauvaise nouvelle: le cheval est mort. Bob, qui est encore un pied tendre, lui dit alors :

- No problem, man ! Tu me rends mes 500.

- Gosh ! lui répond le cowboy, c’est que je ne les ai plus. J’ai été obligé de les refiler à ma sœur, pour qu’elle aille se soigner.

Bob, qui mûrit vite, réfléchit et lui dit :

- All right, chap ! Je prends quand-même le cheval.

- Le cheval ? Pour en faire quoi ?, lui demande le cowboy, très surpris (il ne sera jamais riche).

Bob lui répond avec assurance :

- Je vais le vendre en montant une loterie. Pour un cheval, je suis sûr de trouver tout un paquet de gens qui tenteront le coup.

Le cowboy s’étonne :

- Tu ne peux pas faire une loterie avec un cheval mort !

Petit clin d’œil de Bob :

- Pourquoi veux-tu que je dise que le cheval est mort ?

Deux mois plus tard, le cowboy croise Bob, chemise de grande classe, lunettes de soleil, montre étincelante et chaussures de cuir fin. Aussitôt, il lui demande :

- Alors ? Ta loterie, ça s’est passé comment ? - Super ! lui répond Bob. J’ai vendu 500 tickets à 3dollars la mise. Du coup j’ai fait mes premiers 1000 dollars de profit !

- Mais…. Tu n’as pas eu de réclamations ?

- Si, bien sûr. De la part du gagnant. Mais on s’est arrangé : je lui ai rendu sa mise.

Aujourd’hui, Bob vend des produits structurés chez Goldman Sachs.

jeudi 30 octobre 2008

We will not go to the negotia- erm, um... nevermind.


US willing to hold talks with Taliban, says report

By Anwar Iqbal and Masood Haider
WASHINGTON/NEW YORK, Oct 28: The US is willing to hold direct talks with elements of the Taliban in an effort to quell unrest in Afghanistan, the Wall Street Journal reported on Tuesday, citing unidentified Bush administration officials...

...Amid these reports of a possible breakthrough in the search for a peaceful solution to the Afghan conflict, Christian Science Monitor noted that on Monday the Taliban militia showed “a new potency” in the fight against coalition forces, bringing down a US military helicopter near Kabul, while a suicide bomber struck and killed two Americans in northern Afghanistan.
The Los Angeles Times on Tuesday highlighted the significance of the attack, noting that “choppers are a crucial mode of transport for troops and supplies” in Afghanistan...

...Gen Petraeus also indicated that he believed insurgencies rarely ended with complete victory by one or the other side.
“You have to talk to enemies,” said Gen Petraeus while pointing to Kabul’s efforts to negotiate a deal with the Taliban that would potentially bring some Taliban members back to power, saying that if they were “willing to reconcile” it would be “a positive step”. US Afghan experts outside the Bush administration have also been urging the White House to try to end violence “by co-optation, integration and appeasement”, as one of them said. They urge the Bush administration to give the Taliban a positive reason to stop fighting. This, they argue, would allow Washington to separate hardcore militants from others within the Taliban and would also expose the extremists before the Afghan people.
Source : Dawn

Par charité chrétienne, je m'abstiendrais de tout sarcasme à base de "surrender monkeys" et autres joyeusetés...

PS : On ne dit pas : "manger son chapeau", mais : "avaler son stetson".

mardi 28 octobre 2008

Shocking! French revisionism at Agincourt!


S'il est une nouvelle passée totalement inaperçue de nos médias hexagonaux, c'est bien la conférence organisée par le centre médiéval d'Azincourt le 25 octobre dernier à l'occasion du 593eme anniversaire de la funeste bataille du même nom.

Cette conférence, à l'initiative du directeur du centre Christophe Gilliot, s'attacha à rétablir un peu de vérité historique autour de ce célèbre évènement. Il est clair que les Anglais, armés de leur bonne foi légendaire, ont fait de cette bataille un mythe unificateur à la gloire du nationalisme Anglo-Saxon, quitte à s'acquitter lestement de toute vérité historique et à monter au pinacle le boucher sanguinaire qu'était Henry V.
Ils exagérèrent, par exemple, considérablement le rapport de force en faveur des Français, de manière à rehausser leur prestige et du même coup se défausser perfidement de l'horrible et honteux massacre des prisonniers et blessés perpétré par leurs hommes d'armes sur ordre de leur sanguinaire souverain. Faisant fi de tout réalisme, ils allèrent parfois jusqu'à estimer à 150.000 Français (!) contre 6.000 Anglais les forces en présence sur le champ de bataille. Affirmation proprement grotesque quand on connait un tant soit peu les conditions de la guerre en cette période du moyen-âge. Un chiffre que les plus conscients du ridicule rapportèrent à des proportions moins absurdes , tel le talentueux romancier Bernard Cornwell qui préféra imaginer un rapport de 30.000 contre 6.000, anxieux qu'il était de sauvegarder un semblant de crédibilité.
Or, la réalité, attestée par les documents d'époque, se situe fort prosaïquement autour de 12.000 Français, dont 3.000 paysans picards faiblement armés et entrainés, contre 9.000 soudards Anglais et Gallois de la pire espèce, comme le reconnait elle-même l'historienne Britannique Anne Curry de l'université de Southampton qui déclare (la vile traitresse!) que :
many accounts of the battle have been exaggerated to give the impression of "plucky little England" against the evil French.' (1)

Or donc, alors que cette petite conférence n'a pas suscité le moindre intérêt du coté de la presse Française, il est amusant de noter qu'au moins une trentaine d'articles y ont d'ores et déjà été consacrés outre-Manche, tous plus venimeux les uns que les autres, avec des commentaires de lecteurs outrés (que je vous recommande tant ils sont désopilants) à mesure, le tout à l'encontre de ce pauvre Christophe Gilliot, cet affreux "révisioniste" qui ose malmener le mythe de la supériorité militaire Anglaise sur l'honni "Froggie". Mythe qui certes, a fait mouiller leur culotte courte de plaisir à des générations entières de boutonneux écoliers british, mais qui n'en est pas moins une légende, même si la réalité de la défaite subie ce jour-là fut douloureuse pour la chevalerie Française, qui s'en releva malgré tout pour botter définitivement les fesses à Talbot quelques années plus tard et finalement gagner la guerre de cent ans.

(1) : trad. : beaucoup de compte-rendus de la bataille ont été exagérés pour donner l'impression d'une 'courageuse petite Angleterre' contre les malfaisants Français.
PS : Lire le seul article (relativement) objectif à ce sujet dans le Telegraph

lundi 27 octobre 2008

L’imprudence de Rama yade dans l’affaire Salah Hamouri



lundi 20 octobre par Jacques-Marie Bourget


La délicieuse Rama Yade, que Nicolas Sarkozy envisage de dégager vers un job de député européen et on se demande bien pourquoi, vient d’ajouter une bourde à sa collection. Questionnée par Jean-Claude Lefort, un ancien député du PCF, sur le sort de Salah Hamouri, un jeune français emprisonné en Israël depuis trois ans, Rama répond avec pleins, déliés et autorité :

« …Lors de l’audience le 10 avril dernier, Monsieur Hamouri a reconnu avoir été en compagnie de Monsieur Moussa Darwish, accusé d’avoir voulu assassiner le rabbin Obadia Yossef et condamné pour cette tentative d’assassinat à 12 ans de prison. Monsieur Hamouri a reconnu qu’il avait essayé d’expliquer à son camarade qu’il valait mieux reporter cette tentative par manque d’armes et de munitions. Le juge a alors accusé le prévenu de tentative d’assassinat avec préméditation. Monsieur Hamouri a déclaré être en accord avec l’énoncé des faits et n’avoir rien à ajouter. Le 17 avril dernier, le juge a relevé que Monsieur Salah Hamouri n’a exprimé aucun regret et l’a condamné à une peine de réclusion assortie d’une peine probatoire de 3 ans à sa libération… »

Circulez député Lefort, il n’y a plus rien à voir. Le manque de chance, pour Rama, c’est de trop faire confiance à ses conseillers qui, en la matière, l’ont expédiée dans les gravillons de l’échappatoire.

Revenons au début de l’histoire. Denise Hamouri, une professeure originaire de Bourg-en-Bresse à un fils avec un palestinien, Salah. Une affaire, donc, qui commence bien mal. A Jérusalem, c’est en tant que français que Salah grandit puisque « l’identité » palestinienne n’existe pas. Le gamin parle, lit, écrit et dit des gros mots en langue de Bresse comme un gosse hexagonal. A 16 ans il est arrêté pour avoir manifesté contre l’occupation de ce qui est aussi son pays. Celui qui a ordonné la lecture de la lettre de Guy Mocquet dans les écoles nous dira sûrement ce qu’il en pense. A 20 ans, au prétexte qu’avec un pote il est passé en voiture, trois mois plus tôt, devant la maison du rabbin d’extrême droite Yossef Ovadia, chef du parti Shas, Hamouri est arrêté avec son coéquipier Moussa Darwich. Bien fait.

Dans ce territoire occupé, Hamouri est maintenu en prison. Pendant plus de deux ans, un tribunal militaire va se réunir 20 fois sans être capable d’étayer une accusation cohérente contre ce jeune. Ces officiers oubliant que Bourg-en-Bresse est aussi connue pour ses poulardes que pour ses liens avec Al-Qaïda. Hamouri a pour avocate Léa Tsemel, une israélienne qui milite pour la paix.

En avril 2008, lors d’une nouvelle audience du tribunal, les juges militaires préviennent Hamouri : « Cette fois, ou tu plaides coupable, ou tu en prends pour 14 ans… ». Il se trouve que le « député honoraire » Lefort, alors dans la salle, a été le témoin de ce marchandage. Et l’avocate Tsemel conseille à son client, « pour en finir et préserver l’avenir », de plaider « coupable ». Il est donc entendu qu’Hamouri et son copain ont voulu tuer le rabbin… Tarif : sept ans pour Salah, 12 ans pour Moussa. Tout est en ordre.

Dans sa lettre imprudente, Rama Yade recopie, avec application, le contenu de ce juste jugement. Et c’est alors qu’elle loupe la marche. Jamais cette dame, la préservatrice de nos Droits de l’homme, ne remarque que le tribunal qui a condamné Hamouri est un tribunal « militaire ». Et qu’il siège en territoire « occupé ». Deux choses que les défenseurs des droits de l’homme détestent. Rama est-elle trop jeune ou trop pressée pour savoir qui est Georges Clemenceau ? Un vieux con à moustaches qui gagné la Guerre de 14, puis fait innocenter Dreyfus. Que disait ce grincheux, justement à propos des juges du capitaine : « La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique ». Musique.

Sans être tordu, aucun amoureux du droit ne peut défendre une décision prise par une juridiction militaire, c’est-à-dire, par définition, d’exception. N’est-ce pas un tribunal du même métal qui a condamné De Gaulle à mort lors de son départ à Londres. Circonstance aggravante, disent en chœur les juristes debout sur la Convention de Genève, un tribunal d’occupants ne peut se réunir et juger sur une terre occupée. On se demande si, pour Rama Yade, le mot « Convention », fut-elle de Genève, n’est rien d’autre que le nom d’une station de métro. Et voilà bien la bourde qui embarrasse les juristes. Après une lettre comme celle-ci, allez gueuler, par exemple, contre les activités sportives des « juges militaires » de Rangoon !

Si elle a juridiquement tord, Rama n’a pas politiquement raison. Voilà que des mal-élevés, venus de son propre parti, l’UMP, signent une pétition pour la « libération de Salah Hamouri » ! Et Jack Lang aussi, qui n’est pas encore UMP bien qu’il ait voté la réforme de la Constitution. Le casting de ceux qui défendent ce jeune automobiliste ayant audacieusement roulé devant l’immeuble d’un rabbin prend chaque jour de l’ampleur. Outre des députés ou sénateurs de droite et de gauche, on y croise Henri Alleg, Rony Brauman, Albert Jaquard, Monique Chemillier-Gendreau, monseigneur Gaillot, Marcel-Francis Khan, Michèle Sibona (présidente des Juifs de France pour la Paix), Stéphane Hessel… Autant d’énergumènes connus pour leur soutien à Ben Laden. Sur ce coup là, le show- biz est frileux. Seul François Cluzet est monté au front. Il devrait téléphoner à sa collègue Juliette Binoche qui, la folle, après avoir naguère manifesté pour la liberté en Palestine l’a regretté longtemps.

Bref, ce français en prison militaire n’intéresse ni le président de la République, ni son dévoué Kouchner et, par voie de garage, sa sous ministre aux Droits de l’Homme, Rama Yade. Peut- être que, dans sa taule, Salah Hamouri pourrait monter une petite « assoce » et la baptiser « Arche de Zoé » ? Ah ! Le nom est déjà pris…

Source : Bakchich

PS : Le communiqué de Jean-Claude Lefort

PPS : SIGNEZ LA PETITION POUR SALAH HAMOURI

dimanche 26 octobre 2008

Emmanuel Todd : La révolution protectionniste

Propos recueillis par Elisabeth Lévy

Emmanuel Todd : La révolution protectionniste

© DR

Le Point : Vous avez annoncé la fin de l'URSS, le déclin de l'empire américain, et maintenant vous proclamez la fin de la démocratie ? Vous lisez l'avenir dans les courbes de natalité ?

Emmanuel Todd : Vous exagérez ! Je peux être brutal dans mes appréciations personnelles mais ce livre est beaucoup plus spéculatif que mes précédents. Oui, la fin de la démocratie est une issue possible mais il y en a d'autres et je ne me prononce pas sur celle qui l'emportera.

Incohérent, intellectuellement médiocre, agressif, affectivement instable et animé par l'amour de l'argent : il n'est guère de défaut que vous ne prêtiez au président de la République. Ne verseriez-vous pas dans la recherche de boucs émissaires que vous l'accusez de pratiquer ?

Taper sur Nicolas Sarkozy est une activité saine, morale et satisfaisante, mais il ne faut pas s'arrêter là. Il faut bien comprendre qu'il n'a pas été élu en dépit de ses défauts mais grâce à eux. Et s'il m'intéresse, comme chercheur, c'est parce qu'il est un concentré des tendances mauvaises qui travaillent la société française.

Nicolas Sarkozy n'a pas seulement été élu pour ses défauts : le verbe-talentueux quoi que vous en pensiez-d'Henri Guaino a eu sa part.

Oui, mais ce verbe ne renvoie à rien. Ce qui caractérise Sarkozy, c'est sa capacité à dire tout et son contraire et de vampiriser les héros et les valeurs de la gauche. Cette dilution des concepts de droite et de gauche est typique d'une situation où il n'y a plus de vraie représentation démocratique mais où des gens et des groupes s'affrontent dans une quête machiavélienne de pouvoir pur.

Vous dénoncez la dérive ethniciste incarnée selon vous par certains intellectuels comme Alain Finkielkraut. Et les discours de Dieudonné, de Christiane Taubira ou de Tariq Ramadan, ils n'incarnent rien ?

Concernant Finkielkraut, son concept de « pogrom antirépublicain », à la fois absurde et important, entre en résonance avec certains éléments du sarkozysme. Quant aux discours que vous évoquez, en effet, ils ne retiennent pas mon attention parce que la critique du multiculturalisme, je l'ai faite dans « Le destin des immigrés », il y a quatorze ans. Je m'intéresse à ce qui se passe effectivement, le taux de mariages mixtes, le niveau réel de pratique religieuse. Il est vrai qu'on n'a pas d'enquête bien faite depuis 1992. Mais je sais que le taux de mariages mixtes est une variable à très forte inertie. Et je sais aussi que lorsqu'une bande mêlée, de toutes les couleurs, caillasse la police, c'est que l'assimilation fonctionne, fût-ce sur un mode négatif. Les valeurs égalitaires sont toujours ancrées dans la société.

Donc, « La Marseillaise » sifflée est l'expression d'aspirations égalitaires contrariées, tandis que l'inquiétude que cela suscite traduit le raidissement islamophobe de l'élite ?

La fascination de l'islam, l'obsession de l'islam, la fixation sur l'islam n'ont rien à voir avec la réalité de l'islam ni même avec la crise qu'il traverse en dehors de nos frontières. Elles s'expliquent par le fait que la France, pays de tradition chrétienne, vient de connaître l'ultime disparition du catholicisme. D'où une angoisse liée au vide religieux, que certains intellectuels laïques projettent sur l'islam, comme s'ils avaient besoin de ce repoussoir pour préserver leur sentiment de sécurité athée. J'aimerais que les intellectuels et les politiques français s'intéressent un peu moins à l'islam et au football, un peu plus au libre-échange et aux délocalisations qui détruisent la vie des gamins de banlieue.

Ce ne sont pas des intellectuels laïques qui ont fait le succès électoral du FN. Ni celui de Nicolas Sarkozy, d'ailleurs.

Non, mais dans l'entourage de Sarkozy, on cultive une vision ethnicisée de la vie politique. Cela dit, l'éclatement de l'électorat du Front national indique que la question économique est en train de prendre le dessus sur la thématique identitaire. La « magie du FN », c'était une thématique identitaire anti-immigrés qui soudait une partie du peuple de gauche et une partie du peuple de droite, les ouvriers et les petits commerçants. Or les commerçants ont fichu le camp au premier tour en votant directement Sarkozy et les ouvriers ont voté Royal en dépit de son discours sur « La Marseillaise ».

Ou peut-être grâce à lui.

En tout cas, les différentialistes se trompent de société. Aveuglés par leurs lunettes ethniques, ils ne voient pas que Sarkozy est surtout l'élu des plus de 60 ans. L'anxiété n'est pas le privilège de la seule jeunesse.

Vous opposez des séries statistiques à l'expérience concrète. Prenons votre diagnostic sur l'éducation...

Dans mon modèle éducatif-culturel, l'émergence de la démocratie est associée à l'alphabétisation de masse et l'émergence de tendances oligarchiques à la restratification de la société par autonomisation des diplômés de l'enseignement supérieur. Et non seulement j'observe la stagnation éducative dans laquelle est entrée la France depuis 1995, mais je reconnais que nous ne savons pas s'il s'agit d'une pause ou d'un plancher de très longue durée.

Vous vous imposez pourtant un devoir d'optimisme...

Je crois beaucoup plus aux données qu'aux impressions. Trente ans de fréquentation des courbes me prouvent le caractère massif, universel, de la marche en avant de l'alphabétisation, celle-ci entraînant la révolution démographique, puis, ultimement, le développement économique. En 2030, la planète entière sera alphabétisée. Bref, je vis avec le progrès. C'est ce qui me rend optimiste.

D'où la volée de bois vert que vous passez aux « pessimistes culturels ». Or il y a quelques raisons d'être pessimiste, non ?

Ce qui me frappe, c'est la façon dont un simple arrêt du progrès est interprété comme un déclin. Comparée à l'extraordinaire progression observée depuis la guerre, la stagnation éducative est un choc, pour les profs et pour tout le monde. Mais le pessimisme culturel est une réaction hystérisée à ce choc. Je n'observe nullement l'ignorance universelle et le prétendu illettrisme que Le Point, comme d'autres, dénonce régulièrement. Il est parfaitement vrai que, après les gosses des milieux populaires, ceux des classes moyennes sont touchés par le chômage et les bas salaires, mais le monde abruti que nous décrivent des dépressifs culturels qui idéalisent le passé, je ne le vois pas !

L'appauvrissement du langage, la chute de l'autorité, le délitement de la transmission n'existent pas ?

Votre obsession du déclin culturel vous fait oublier l'emballement des inégalités, le fait nouveau que les diplômés ne profitent plus du changement économique, ainsi que le retour du capital dans la vie politique et l'émergence d'une oligarchie qui ne représente pas 1 % de la société.

Vous faites une critique acerbe du livre de Max Gallo, « Fier d'être français ». Etes-vous devenu insensible à la nation ?

Je n'ai pas attendu Gallo pour être fier d'être français. J'ai relancé l'idée de nation en 1998, dans « L'illusion économique ». Mais si je crois de plus en plus à sa nécessité, j'espère de moins en moins sa résurgence immédiate. La narcissisation des comportements, l'implosion centripète des individus et des groupes vont tellement loin que le mythe national instrumentalisé par le couple Sarkozy/Guaino n'embraye sur aucune réalité. De ce point de vue, le peuple ne vaut pas mieux que l'élite. Et l'Europe ne va pas mieux que la France. Le sens du collectif se dérobe.

En somme, il ne nous reste qu'à assister au naufrage.Heureusement que vous êtes optimiste.

J'essaie d'être rigoureux. Le problème fondamental de la démocratie, c'est que la classe politique refuse de mettre en question le libre-échange, ce qui mène à la baisse des revenus, à la montée des inégalités, bref à une baisse du niveau de vie pour le plus grand nombre. Et désormais à l'insuffisance de la demande, à la crise financière et à la récession. Jusqu'à présent, une démocratie de manipulation a animé, de plus en plus difficilement, un pseudo- débat politique. Maintenant, il va falloir choisir : une ethnicisation de la démocratie française me paraît assez peu probable. La séquence « appauvrissement des jeunes diplômés-luttes de classes immatures-poussée autoritaire et, ultimement, perversion ou suppression du suffrage universel » est déjà plus vraisemblable. Le PC est mort, mais Marx revient. Bonaparte aussi, malheureusement. Toutefois, il existe une chance de sortir par le haut de la course dépressive de la demande et des salaires : cette solution, européenne et non nationale, c'est le protectionnisme. Mais la crise financière rapproche l'heure du choix. Et celle du jugement.

Le protectionnisme est peut-être une solution pertinente, mais on dirait que, pour vous, il est la nouvelle utopie révolutionnaire. L'avenir radieux derrière des frontières ?

C'est tout le contraire. Face à la narcissisation des comportements, l'adoption d'un protectionnisme coopératif, mis en oeuvre au niveau d'un collectif supranational, délivré de tout mythe fondateur ethnique ou étatique, montrerait que nous sommes passés à un état supérieur de la conscience humaine et du développement historique.

« Après la démocratie », d'Emmanuel Todd (Gallimard, 250 pages, 18 €).

Source : Le Point

vendredi 24 octobre 2008

CRASHDANCE



La bande-son de la crise, d'après Giorgio Moroder, Irène Cara et Keith Forsey.

What a ceiiiiling!


jeudi 23 octobre 2008

A McSpeech with Freedom Fries, please!



A gauche, l'ex premier ministre australien John Howard, à droite l'actuel premier ministre canadien Stephen Harper.

Qui a écrit leur discours ?


Source : MoA

mercredi 22 octobre 2008

Up in smoke

Mardi dernier, je me laissais aller à regarder le simili-débat diffusé sur la chaîne franco-allemande "Arte" à propos des élections américaines. Les invités étaient, outre l'inénarrable Nicole Bacharan - pour qui le bombardement massif de bouquins plus délirants les uns que les autres tentant de nous convaincre à quel point "l'Amérique nous est indispensable", est un sacerdoce- quelques illustres inconnus au statut ô combien enviable de "spécialistes és US of A" dont ma mémoire défaillante s'avère bien incapable de retenir les noms.
Ce "débat", donc, où tout le monde était d'accord, passa une 1/2 heure à ronronner de platitudes en idées reçues sur les états soi-disant unis, le tout dans un conformisme de bon aloi, pour en arriver à l'inévitable conclusion que tout était déja joué et que le sauveur Obama allait etre élu comme une lettre à la poste.
Le problème, voyez-vous, c'est que le rêve de tous ces gens risque fort de s'envoler en fumée (d'où le titre de ce billet) au soir du 4 novembre.

Ils oublient en effet, emportés qu'ils sont dans leur enthousiasme, une seule chose, mais essentielle :

Dans la solitude de l'isoloir, le politiquement correct n'est plus de mise.

jeudi 2 octobre 2008

Emmanuel Todd ... USA : La chute finale ?


Emmanuel Todd ... USA : La chute finale ?
envoyé par dlrtv

Tout ce que nous observons aujourd'hui, ébahis, de l'autre coté de l'Atlantique, l'historien et démographe Emmanuel Todd l'avait annoncé en 2002, dans son essai : Après l'empire. Essai sur la décomposition du système américain.
En 1976, déjà, il avait anticipé la fin de l'URSS dans La Chute Finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique.

Il nous livre ici son opinion sur la situation actuelle des USA.

Voir aussi sa dernière interview décapante dans Le courrier de Russie :

Emmanuel Todd : « Le gouvernement français me fait penser à un rat qui monterait sur un navire en train de couler »

PS : Le prochain opus du maître devrait sortir à la fin du mois. Son titre : Après la démocratie

Afghanistan : la mission est un échec, selon l’Ambassadeur Britannique

Ceci est la copie d'une note envoyée à Sarkozy par François Fitou, ambassadeur de France à Kaboul, suite à sa rencontre avec Sir Sherard Cowper-Coles, l' ambassadeur de sa gracieuse.
D' après le Times, Sir Sherard aurait même déclaré :
"Le seul espoir d'éviter l' échec serait d'installer un dictateur acceptable à Kaboul"

THE TIMES ONLINE

Le nouveau film de Bill Maher : RELIGULOUS


Religulous - Bill Maher - Bande annonce (VOST-FR)
envoyé par peamak

Voici la bande-annonce (sous-titrée en français) du nouveau film de l'animateur TV de MSNBC BILL MAHER, par le réalisateur de "Borat".