dimanche 25 octobre 2009

Le protectionnisme, un libéralisme internationaliste

Naissance et diffusion, 1789-1914

par David Todd

Le protectionnisme ne date pas des années 1930, mais a été inventé dès le XIXe siècle par des théoriciens allemands, français et américains méfiants vis-à-vis de la puissance commerciale britannique. Pour l’historien David Todd, cette généalogie – souvent méconnue – atténue les soupçons de nationalisme qui pèsent sur l’idée protectionniste.

Depuis l’accélération de la crise économique et financière en septembre dernier, une peur hante les classes politiques et médiatiques occidentales : le retour du « protectionnisme ». De sommet du G7 en sommet du G20, elles répètent que c’est la hausse des barrières douanières qui a transformé le krach de 1929 en dépression et que, pour répondre efficacement à la crise, il faut avant tout résister au « démon nationaliste » du protectionnisme, qui conduit inéluctablement à l’effondrement du commerce international et, in fine, à la guerre. Le raisonnement analogique a été une source d’inspiration formidable dans l’histoire des sciences, y compris pour la science humaine qu’est l’économie : Isaac Newton et Albert Einstein, mais aussi Adam Smith et John Maynard Keynes, y ont eu recours. Employée par des mains moins habiles, l’analogie – en particulier l’analogie historique à partir d’un seul exemple – n’est le plus souvent qu’un raccourci facile inspiré par la paresse ou la malhonnêteté intellectuelle.

Le haro actuel contre la tentation protectionniste à partir de l’exemple de 1929 en est un exemple frappant. Le recours au protectionnisme dans les années 1930 – promu, entre autres, par Keynes lui-même [1] – n’a pas été la cause principale d’une dépression provoquée par la spéculation financière et rendue dramatique par les politiques déflationnistes de Heinrich Brüning en Allemagne et de Pierre Laval en France. Au pire, dans les pays d’échelle moyenne comme l’Allemagne et la France, le protectionnisme a été une réponse inadéquate à la crise. Au mieux, comme dans le cas du Royaume-Uni et de son empire – avec les accords d’Ottawa instituant un système de « préférence impériale » entre les îles britanniques et leurs possessions outre-mer en 1932 –, il a même pu contribuer à un relèvement économique partiel en apportant un soutien à la demande de produits nationaux. Dans tous les cas, les dirigeants de l’époque, en se tournant vers le protectionnisme, commettaient la même erreur que les dirigeants actuels qui cherchent à retirer des leçons de la dépression économique précédente : c’était au protectionnisme que l’on attribuait la sortie de la grande dépression des années 1870-1880. La lutte actuelle contre le protectionnisme fait figure de ligne Maginot intellectuelle, qui interdit la tenue de débats plus substantiels sur la réorganisation du capitalisme mondial.

Pour être utile, le recours aux analogies historiques doit reposer sur plusieurs exemples et, autant que possible, la longue durée. Le protectionnisme ne date pas des années 1930. Il est le produit d’un débat intellectuel et idéologique d’une intensité exceptionnelle, qui s’est déroulé au lendemain de la Révolution française et des guerres napoléoniennes, dans la périphérie immédiate du cœur industriel de l’époque, la Grande-Bretagne, c’est-à-dire en France, en Allemagne et aux États-Unis. Loin d’être lié aux idéologies totalitaires du XXe siècle ou même d’être « antilibéral », ce protectionnisme était ancré dans le libéralisme issu des Lumières et de la Révolution. Mais ses partisans le définirent comme un libéralisme réaliste, patriotique et anticosmopolite, ou encore comme l’expression d’une solidarité nationale entre classes sociales face aux contraintes du marché mondial. Paradoxalement, ce patriotisme ou nationalisme économique fut lui-même le fruit d’un débat transnational franco-germano-américain, avant que les idées protectionnistes ne s’exportent depuis le monde occidental jusqu’en Amérique Latine et en Asie orientale. Discrédité en tant que politique économique parmi les classes dirigeantes, le protectionnisme en tant qu’idéologie n’en conserve pas moins un puissant attrait parmi les électorats, notamment dans les pays où sa domination fut étroitement liée à une phase de démocratisation en profondeur de la société politique, comme les États-Unis ou la France. (...)

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samedi 24 octobre 2009

Petit ruisseau limpide


Et maintenant, si vous le voulez bien, je vous propose un petit jeu de devinettes :

- Qui a humilié l'administration US un beau jour de 2003 devant l'assemblée générale de l'ONU ?

- Qui, en tant que candidat à la présidence française est allé prêter allégeance à GW Bush et à l'AIPAC un triste jour de 2007 ?

- Qui s'est retrouvé embringué dans une affaire judiciaire rocambolesque de "dénonciation calomnieuse" lui coupant la route de l'élection présidentielle de 2007 ?

- Qui a finalement remporté cette élection ?

Question subsidiaire :

- qui a dit, à propos de la fameuse affaire de "dénonciation calomnieuse" :"Le véritable instigateur de l’affaire n’a pas été identifié."

* Indice : la réponse est ICI => Marianne2
Petit jeu bonus à €1.000.000 :

- Trouvez dans cette liste des "young leaders" de la "French American Foundation" les noms de 2 personnes nous ramenant -directement pour l'un et indirectement pour l'autre- à la fameuse affaire de "dénonciation calomnieuse".

* Indice : cherchez aux lettres "G" et "L".

vendredi 23 octobre 2009

Plus les peuples sont "libres", plus ils sont mécontents... WTF ?!

Cliquez sur l'image pour voir l'infographie complète

Une étude assez récente de Gallup démontre clairement que les populations des pays de l'ex-URSS qui vivent dans les "démocraties pro-occidentales" sont les moins satisfaites de leurs gouvernements.

Plus nous leur apportons la liberté, plus nous les délivrons de leurs régimes autoritaires, moins ils sont contents!

Décidément, l'ingratitude de ces gens-la est sans limite...

dimanche 18 octobre 2009

Boum!


Voici le genre d'images de l'Afghanistan que nos médias MSM occidentaux ne nous montrent jamais...
Surtout ne ratez pas la dernière minute de ce film plutôt, dirons-nous... Explosif.

samedi 17 octobre 2009

Le gai déclin : mode d'emploi


Il faut accepter l’idée que les méthodologies que nous avons développées pour réformer et reformer l’histoire, fermement dépendantes de la science et soumises à la morale du jour qui triomphe désormais en enfermant l’intelligence et en contraignant la sensibilité, que ces méthodologies sont impuissantes et nihilistes. Nous ne sommes plus capables de rien comprendre ni de rien ressentir de notre passé, à force de l’avoir enfermé dans des anathèmes qui ne concernent que nos frustrations, nos peurs, nos hystéries – très présentes, très actuelles les unes et les autres, sans rapport avec notre passé – indignes de notre passé, sans aucun doute – repoussées par lui, comme il se fait d’un corps étranger qui veut forcer et tordre la nature du monde. Le fruit atrophié de cette stérilité développée dans la pompe et l’arrogance, c’est la perte vertigineuse de la compréhension de notre situation, de la substance de notre identité, de la signification de notre existence. La méthodologie historique que nous avons développée au nom de la science et de l’idéologie qui sert la science réduit notre situation à un point tel que nous ne comprenons plus rien du temps présent, et que nous ne savons plus qui nous sommes, et quels sont notre nécessité et notre destin. Nous mourons de l’infécondité de l’esprit et du dessèchement de l’âme. Nous sommes de pauvres hères en haillons de notre esprit, avec des âmes qui sont comme des breloques trompeuses, présentes pour la figuration, contraintes et étouffées par l’infamie. Nous tournons en rond, comme des aveugles, comme des fous, comme des fantômes de nos pauvres croyances disparues. Nous entendons gronder autour de nous une tempête comme seul un Dieu peut en concevoir le dessein et nous ne voyons rien. Notre souffrance est immense et, pour celui qui n’en appelle pas à l’intuition, souffrance absolument indicible, subie comme un châtiment sans attendus ni verdict. La voie royale que je tente d’emprunter est tracée pour tenter de sortir de cette prison qui nous contraint.

-Philippe Grasset-

(Extrait de l'introduction du livre La grâce de l'Histoire à paraitre bientôt en librairie et sur dedefensa.org)

jeudi 15 octobre 2009

Lâcher de colombe morte en Afghanistan



En Afghanistan, les italiens payent les "talibans" pour avoir la paix, sans en informer leurs alliés. Les américains (qui espionnent copieusement leurs alliés) le découvrent et le leur reprochent (alors qu'ils emploient les mêmes "tactiques" par ailleurs)...

...Pendant ce temps là, les afghans font des lâchers de colombes mortes.

Honduras : du coup d'État à la faillite économique

Le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya (g), le 14 octobre 2009 à Tegucigalpa
AFP
Magasins vides, aide internationale gelée, chômage en hausse : le coup d'État du 28 juin au Honduras a déjà coûté très cher au Honduras, troisième pays le plus pauvre des Amériques, dont l'économie devrait se contracter de 4 % cette année, selon les analystes.

Alors que le président déchu Manuel Zelaya et le gouvernement putschiste négocient toujours une sortie de crise, dans les commerces de Tegucigalpa, les vendeurs attendent les clients, comme Ada Moltalban, qui désespère de voir arriver quelqu'un dans le restaurant de fruits de mer où elle travaille. Cette femme de 46 ans a du mal à nourrir ses quatre enfants avec le salaire minimal, 289 dollars par mois, pourtant augmenté de 60 % par le président Manuel Zelaya, avant qu'il soit renversé par le coup d'État.

"Je complète avec les pourboires, mais ces derniers mois, il n'y a personne et j'ai peur d'être licenciée. Nous les pauvres, nous sommes toujours les plus touchés", dit-elle à l'AFP. "Nous étions pauvres, maintenant nous sommes misérables. Beaucoup de commerces ferment. Chaque jour, j'arrive avec la peur de trouver ma lettre de licenciement, car les chiffres sont dans le rouge", témoigne aussi Filiberto, serveur dans l'hôtel où des délégués des deux camps négocient. Le Honduras est enferré dans une crise politique complexe depuis le coup d'État qui a renversé M. Zelaya. Pour pousser le gouvernement putschiste à rétablir le président déchu dans ses fonctions, la communauté internationale a gelé de nombreuses programmes économiques. Les États-Unis et l'Union européenne ont ainsi suspendu plus de 120 millions de dollars d'aide à eux deux.

Le Fonds monétaire international (FMI) et d'autres organismes internationaux ont également gelé leurs crédits, en attendant que la situation politique se stabilise. Associée à la crise internationale, cette coupure de l'aide internationale a créé 180.000 chômeurs de plus dans le petit pays d'Amérique centrale, où 40 % de la population active (3,5 millions de personnes) n'a pas de travail ou est sous-employée. Environ 700.000 membres de la classe moyenne sont menacés de glisser sous le seuil de pauvreté cette année, estime le Forum social de la dette extérieure du Honduras (Fosdeh), organisme non gouvernemental, selon qui 70 % de la population (7,6 millions d'habitants) pourrait bientôt vivre sous ce seuil.

"La situation du Honduras est sans précédent et 2010 sera encore plus difficile", prévient le responsable du Fosdeh, Mauricio Diaz, qui prévoit une chute de 4 % de l'économie cette année. Le gouverneur en exil de la Banque centrale, Edwin Araque, table, lui, sur une baisse de 3 %, après une croissance de 4 % en 2008. "Nous avions déjà la crise internationale et avec ce conflit, la situation a empiré. Pour ne pas déprimer, nous préférons ne pas faire les comptes", a déclaré à l'AFP le patron des patrons, Adolfo Facussé, allié du régime putschiste. Les ventes de véhicules neufs ont déjà chuté de 60 %, selon les entreprises du secteur.

Les couvre-feu décrétés à plusieurs reprises par le gouvernement putschiste ont également durement affecté les bars, restaurants et hôtels. Certains affichent des taux d'occupation inférieurs ou égaux à 30 %. Et la crise s'est déjà étendue au-delà des frontières du pays. Le commerce interrégional est en baisse et les voisins du Honduras souffrent aussi d'une baisse des investissements étrangers et du tourisme, selon Juan Daniel Aleman, secrétaire général du Système d'intégration centraméricain.


Honduras: les délégués établissent un plan de sortie de crise

AFP

TEGUCIGALPA — Les représentants du président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, et du gouvernement putschiste de Roberto Micheletti sont parvenus à un accord mercredi sur la restitution du dirigeant évincé par le coup d'Etat du 28 juin, a annoncé l'un des délégués.

Ce compromis doit cependant encore être accepté par MM. Zelaya et Micheletti.

"Nous avons approuvé un document sur le point numéro six, qui est le point portant sur la restitution des pouvoirs de l'Etat tels qu'ils fonctionnaient avant le 28 juin 2009", a déclaré l'un des négociateurs du président déchu, Victor Meza, lors d'une conférence de presse.

Le retour à la situation précédant le coup d'Etat du 28 juin implique le retour de M. Zelaya au pouvoir, hypothèse jusqu'ici rejetée par M. Micheletti.

Le point numéro six était le dernier des huit points clés du plan de sortie de crise qui restait à approuver.

"Je suis optimiste par nature", a ajouté le négociateur avant de se diriger vers l'ambassade du Brésil, où M. Zelaya a trouvé refuge depuis son retour clandestin dans le pays le 21 septembre.

M. Meza, ministre du gouvernement au sein de l'exécutif déchu, a en revanche refusé de dévoiler les termes de l'accord "pour ne pas violer un pacte" conclu par les représentants des deux équipes de négociateurs.

M. Meza a par ailleurs rappelé que M. Zelaya avait donné jusqu'à jeudi soir 00H00 (vendredi 06H00 GMT) pour arriver à un accord de sortie de crise. Le dirigeant déchu n'a cependant pas précisé ce qu'il comptait faire en cas de statu quo.

Mardi soir, les négociateurs avaient annoncé être tombés d'accord sur sept des huit points clés du plan de sortie de crise en discussion, parmi lesquels la formation d'un gouvernement d'unité nationale, le rejet d'une amnistie ou le renoncement de M. Zelaya à convoquer une assemblée constituante.

Manuel Zelaya a été renversé et expulsé du pays par un coup d'Etat le 28 juin, le jour où il avait organisé contre l'avis de la Cour suprême une consultation populaire sur un éventuel changement de la Constitution, qui interdit à un président de briguer un deuxième mandat.

Il est réfugié à l'ambassade du Brésil depuis son retour clandestin au Honduras le 21 septembre.

jeudi 8 octobre 2009

American Dream (IX)


Détroit : Scènes de chaos dans les files d’attente de l’aide sociale
8 octobre 2009

La ville de Detroit avait annoncé la distribution de 5 000 formulaires de demande d’aides au logement. Mais ils ont été plusieurs dizaines de milliers à se presser sur les lieux, provoquant bousculades et altercations entre des chômeurs désespérés. Plusieurs personnes ont été blessées, piétinées par la foule. Les reporters du Detroit News témoignent de la violence de la crise sociale au cœur de l’Amérique.

Par Charlie LeDuff, George Hunter et Santiago Esparza, The Detroit News, 7 octobre 2009

Les milliers personnes qui se sont pressées dans l’espoir d’obtenir les formulaires de demande d’aide fédérale pour les loyers et les factures de services publics ont transformé aujourd’hui les abords du Cobo Center [un centre d’exposition et de conférences - ndt] en une scène de chaos.

Les demandeurs étaient venus à pied, en fauteuil roulant, en vélo et en voiture. Environ six personnes ont quitté lieux en ambulance. En raison de la tension et de l’énervement croissants, plusieurs personnes ont été piétinées, indique un infirmier présent sur les lieux.

Les habitants de Detroit tentaient de mettre la main sur les 5 000 formulaires de demande d’aide fédérale distribués par la ville. Détroit a reçu près de 15,2 millions de dollars de fonds fédéraux au titre des programmes de Prévention des Sans-abris et du Relogement Rapide, qui attribuent une aide financière temporaire et des logements aux personnes et aux familles sans-abri, ou qui le seraient en l’absence de ces aides.

Des membres des services médicaux d’urgence présents sur les lieux ont déclaré avoir traité des demandeurs qui ont été blessés lors de la ruée de la foule tentant d’obtenir ces formulaires.

Voilà ce qui arrive lorsqu’une ville remplie de gens ruinés reçoit un peu d’argent, déplore Walter Williams, 51 ans, qui avait commencé à faire la queue pour un formulaire avant le lever du jour.

« Ce matin, j’ai vu le rideau se lever sur le malheur », dit-il. « Des gens qui se battent en faisant la queue. Ils se menaçaient de se tirer dessus. Est-ce que nous en sommes arrivés là ? »

« Les gens ont désespérément besoin d’aide financière pour conserver leur logement, payer leurs factures, pour qu’ils puissent faire la soudure avant d’avoir retrouvé un emploi ».

Ce mercredi, à l’extérieur du Centre Cobo, certaines personnes fendaient la foule pour arracher les formulaires des mains de ceux qui les avaient déjà obtenus. Les lieux résonnaient du vacarme constant des cris des personnes tentant de pénétrer à l’intérieur du Centre.

Latanya Williams, qui vit à Detroit depuis 32 ans, déclare avoir rapidement rempli son formulaire car « les gens les volent ».

« J’espère obtenir n’importe quelle aide qu’ils puissent me donner », dit-elle. « Tout le monde a besoin d’aide. »

En fin de matinée, les formulaires manquaient. Mais des escrocs ont eu l’idée de photocopier l’original et de vendre ces copies pour 20 dollars. Ils faisaient de bonnes affaires. Les désespérés sont des proies faciles. Les formulaires originaux de couleur blanche portaient une mention indiquant clairement : « Ne pas dupliquer - Vous devez utiliser le formulaire original. »

En fin de matinée, toutefois, les volontaires du Detroit Planning and Development Department distribuaient eux-mêmes des photocopies jaunes.

« Je ne suis même pas sûr que le gouvernement acceptera ces formulaires », s’interroge Pam Johnson, une bénévole. « C’est comme s’il fallait calmer les gens. Il y avait presque une émeute. Il a fallu faire appel à l’escouade de répression des gangs. J’ai vu une vieille dame presque piétinée à mort ».

Pour Jean Paul, qui vit à Détroit depuis 25 ans, cette foule et ce chaos montrent que les gens ont besoin d’aide.

« Nous en avons besoin », dit-il, en parlant d’argent. « Quoi qu’ils aient pour moi, cela sera bien ».

John Roach, le second adjoint de la police, considère que les 150 agents présents ont gardé le contrôle de la situation. « Il ya eu quelques bousculades, et certaines personnes ont perdu connaissance », précise-t-il. « Étant donné que nous avions là 15 000 personnes, je suis surpris que les choses se soient déroulées de façon aussi ordonnée. »

Il est difficile d’estimer la foule présente car toutes les files d’attente serpentaient à travers le centre de convention, à l’extérieur le long du bâtiment, et en bas de la rampe du parking. Un officier de police a estimé la foule à 50 000 personnes.

Plus de 25 000 formulaires avaient été retirés en moins de trois heures la veille dans les bureaux de quartier de la Mairie. Karen Dumas, la porte-parole du maire Dave Bing, explique que ce jour là certains ont cru à tort qu’ils recevraient des espèces sur place.

« C’est totalement faux », précise-t-elle. « Il y a un circuit administratif ».

L’affluence a été si importante que les fonctionnaires de police de Detroit et les responsables des pompiers ont envisagé d’arrêter la distribution en raison du trop grand nombre de personnes.

Nous avons rencontré Kelley Turcotte, qui est plongeur dans un restaurant, près de l’extrémité de la file d’attente vers 10h30. Agé de 27 ans, il vient d’avoir un fils et ne peut faire face à ses factures.

« J’espère que le gouvernement verra ce qui se passe, et comprendra que la ville a besoin de beaucoup plus d’aide que celle qui lui est donnée », déclare-t-il.

Luis Irizarry, 35 ans, est venu de Flint en voiture, espérant profiter de l’occasion d’obtenir une aide. C’est seulement ensuite qu’il a découvert que seuls les habitants de Detroit pouvaient en bénéficier. Pour lui ce fut un choc de voir autant de gens dans le besoin.

Tony Johnson est venu à 5 heures du matin. M. Johnson n’a pas réussi à trouver d’emploi depuis trois ans.

« Si je pouvais gagner à la loterie, je ne serais pas ici », plaisante-t-il. Puis il poursuit : « il n’y a pas de tranquillité parce qu’il n’y a pas d’emplois. Tout le monde est à la recherche d’un extra, d’un coup de main. Ils ne me comptabilisent pas comme chômeur parce que je n’ai pas d’allocation. C’est comme si je n’existais même pas. Mais j’existe. Regardez autour de vous. Il y a des milliers ... des millions dans ce cas. »

Dan McNamara, qui dirige la section 344 des pompiers de Detroit, observe depuis sa fenêtre le Cobo Center.

« C’est tout à fait représentatif des difficultés de la classe moyenne en Amérique », juge-t-il. « Nous avons été trahis par le gouvernement, les agents immobiliers et ceux qui en ont profité. Le contrat a été rompu. »

Sur le web :

Detroit Free Press : Chaos reigns at Detroit aid event

People fainted, others fought as the Detroit Police Gang Unit tried to keep people in line --- some since last night --- and in check.

“It’s a disaster here,” former assistant Detroit Police chief and city council candidate Gary Brown said, handing out water. “This is dangerous. Very unorganized, very dangerous.”

Publication originale Detroit News, traduction Contre Info

Illustration : scène de bousculade au Cobo Center

jeudi 1 octobre 2009

Hommage à Pierre Falardeau


Le cinéaste québécois et militant indépendantiste Pierre Falardeau est décédé vendredi des suites d'un cancer à l'âge de 62 ans, a annoncé dans un communiqué le Centre universitaire hospitalier de Montréal. Connu pour son style provocateur, Pierre Falardeau a acquis la notoriété au début des années 80 avec la comédie "Elvis Gratton", un film culte brossant un portrait peu flatteur du Québécois moyen et qui avait été primé à l'époque au Festival international du court métrage de Lille.
Il a aussi réalisé des films engagés en faveur de l'indépendance du Québec comme "15 Février 1839", "Octobre" ou "Le temps des bouffons", tout en ayant publié plusieurs livres.
"Il a été d'un apport exceptionnel pour notre combat national", a déclaré l'ancien premier ministre québécois Bernard Landry à la chaîne de télévision Réseau de l'information.
"Son premier et unique sujet a été le Québec", a affirmé son collègue cinéaste Michel Brault, interrogé sur la même chaîne, ajoutant que Pierre Falardeau était "un grand patriote". Fumeur impénitent, très présent sur la place publique, le réalisateur était reconnu pour son style provocateur et ses déclarations chocs.

AFP