samedi 29 novembre 2014

Bezler : Porochenko a vendu des armes aux rebelles


Le 28 Novembre, une vidéo avec le commandant des FAN Igor Bezler est apparu en ligne, accusant Porochenko de livraisons d'armes aux rebelles :



(Sous-titres anglais par Kazz)

"M. Gerasimov, qui a été élu au parlement ukrainien pour le parti de Porochenko, a déclaré dans son interview que j'avais été son chauffeur, et qu'il n'a pas d'autres liens avec moi. Je voudrais Poser à M. Gerasimov une question, comment dans Gorlovka encerclée ai-je pu recevoir des armes en grande quantité ? Parce que les armes provenaient d'Ukraine ce qui peut être confirmé par les prisonniers de guerre ukrainiens qui les ont déchargées. Et les bordereaux d'expédition rédigés en ukrainien décrivent quelles munitions, quelles armes.

Peut-être que M. Gerasimov dira aux médias ukrainiens comment, grâce à Mme Lebedeva et M. Porochenko, qui n'était pas encore président de l'Ukraine, les armes ont été livrées à Gorlovka, non par une caisse ou deux, mais par [camions-NDT] "Oural"
entiers, et la fréquence était d'une livraison tous les trois jours.

J'ai une question, nous n'avons pas reçu des armes commandées pour un montant de 450 000 UAH, je souhaiterais les recevoir à Gorlovka.

Pour ces Ukrainiens qui donnent 5 UAH par SMS pour soutenir l'armée Ukainienne, je peux vous le dire, le prix d'un pistolet, livré par le camp ukrainien est de 1900 UAH, le prix d'un BTR est 19 000 UAH. Nous n'avons pas trouvé d'accord pour les tanks.

C'est de là que
viennent les armes. Alors ne cherchez pas la main de Moscou, la où il y a une très grosse main de Kiev.

M. Porochenko, quand il n'était pas encore président de l'Ukraine a fait de très bonnes affaires avec moi. Il m'a livré beaucoup d'armes.

Peut être qu'il mène cette opération anti-terroriste pour dissimuler les cargaisons d'armes?

Petr Alexeich, s'il vous plaît, pouvez-vous décider si vous menez l'OAT ou si vous travaillez pour moi? Vous me devez 450 000, il est temps de payer ".


Fort Russ

mercredi 26 novembre 2014

Nouveau député ukrainien : Les Etats-Unis vont devoir déclencher la IIIeme Guerre Mondiale


Le nouveau parlementaire de la Verkhovna Rada d'Ukraine Youri Bereza exhorte les américains à déclencher une IIIeme Guerre mondiale contre la Russie. De l'avis du commandant du bataillon "Dnepr-1", qui vient de faire une percée au parlement, la guerre est déjà en cours, et "il n'y a pas d'autre option que les États-Unis s'impliquent dans le conflit."

"Cela pourrait prendre du temps, mais ils devront intervenir à un moment ou un autre, puis plus tard dans les États baltes, qui sont sous la menace de Moscou, et éventuellement en Pologne" - cite "PolitNavigator" d'après une interview de Bereza publiée par The Daily Beast.

La confidentialité des réunions sur la colline du Capitole, où a été invité le commandant du bataillon "Dnepr-1", a été légèrement écornée par Bereza concernant ses impressions au sujet de certains sénateurs.

"Les démocrates n'ont pas aimé ce que j'avais à dire, et ils ont essayé de quitter la salle parce que j'étais très dur contre le président Obama. Mais les républicains l'ont très bien pris." Surtout le sénateur John McCain, que le commandant du bataillon "Dnepr-1" décrit comme "un grand homme".

Plus tôt, la nationaliste Irina Farion avait appelé l'Ukraine à devenir la "pointe de la troisième guerre mondiale"  .

"Nous sommes devenus une nation militariste (...) Il est extrêmement important pour nous de se tourner tous vers l'armée - des plus petits aux plus grands. Toute l'Ukraine devrait être le front et non la simple "zone OAT" [Opération Anti-Terroriste-NDT]" - a déclaré Farion.

Cependant, après sa défaite aux élections du parlement ukrainien, le nombre de déclarations fracassantes provenant de la résidente de Lviv a fortement diminué. Mais, comme on le voit avec l'interview de Youri Bereza, la bannière de la "psychose de guerre" a rapidement trouvé un nouveau porte-étendard.

Source

Semen Semenchenko : l'Ukraine va aider la Chine à annexer la Sibérie


L'Ukraine va fournir tout son soutien à la Chine pour l'annexion de la Sibérie russe.

C'est ce qu'a dit dans une émission TV le commandant du bataillon dissous "Donbass" Semen Semenchenko récemment élu député de la Verkhovna Rada.

"Je veux dire aux peuples russes - ceux qui ont la mémoire. Nous allons les aider à faire face à leurs problèmes et nous serons toujours là pour aider les groupes qui se battent pour la fédéralisation de la Sibérie, contre le centre, qui les opprime. La République populaire de Sibérie - peut-être un futur partenaire stratégique de l'Ukraine ", - déclare Semenchenko à "PolitNavigator".

Le présentateur du talk show Savik Shuster a alors demandé comment la Chine devrait s'y prendre pour séparer la Sibérie [de la Russie-NDT]. "C'est très facile, de cette manière... Nous avons simplement besoin d'organiser un référendum sur le "monde chinois" - a soutenu le commandant du bataillon "Dnepr-1" Youri Bereza, également élu membre du parlement de l'Ukraine.

Youri Bereza, fuyant héroïquement le chaudron d'Ilovaisk en août.
Rappelons que des marches ont été organisées en août pour la fédéralisation de la Sibérie. À Novossibirsk, la dizaine de personnes présentes ont décidé d'annuler la marche non autorisée, mais à Kiev - elle a bien eu lieu. Dans la capitale ukrainienne, environ 30 personnes criaient avec zèle des slogans "lève-toi Sibérie!" et "liberté pour la Sibérie!". A la fin, ils ont chanté l'hymne ukrainien. Les ukrainiens ne sont apparemment pas au courant de l'organisation de la région sibérienne, qui se compose en réalité de républiques et régions autonomes : la Sibérie est déjà fédérée.

Cependant, malgré les efforts de nos deux comparses, les relations entre la Russie et la Chine semblent plutôt s'améliorer. Les utilisateurs chinois des réseaux sociaux, ont même nommé Poutine - "un modèle à suivre pour les autres dans le monde politique."

Rappel : Quand Semenchenko enlève enfin son balaclava
Ruposters.ru

mardi 25 novembre 2014

Le Congrès américain pourrait suspendre sa coopération avec l'Ukraine en raison de la corruption


Le Congrès US demande la permission d'enquêter sur l'ampleur de la corruption en Ukraine. 

L'initiative vient de Steve Stockman, membre du Comité de la Chambre basse du Parlement des États-Unis aux Affaires étrangères, soutenue par un groupe de membres du Congrès. Le document qu'il a envoyé au Congressional Research Service, demande une enquête sur les faits scandaleux de fraude financière concernant des fonds publics par les fonctionnaires et responsables ukrainiens.

Washington n'a pas lésiné sur la question d'accorder un grand nombre de subventions au gouvernement de Kiev, sous formes de prêts et de versements à titre gracieux, tandis qu'en Ukraine, ces fonds sont tout simplement détournés vers les poches des fonctionnaires. L'objet principal du reproche adressé à la Banque nationale ukrainienne, est d'être non seulement inefficace, mais d'utiliser de manière véritablement criminelle l'investissement financier fait par l'administration américaine.

L'Union Européenne a déjà imposé des sanctions contre un certain nombre d'anciens ministres et fonctionnaires dont le nombre est de 18 personnes, a souligné dans sa demande le député Stockman.

Stockman, rappelle en particulier le cas des responsables ukrainiens, qui, en utilisant un système complexe, ont détourné en fonds offshore des sommes reçues de Washington, en utilisant les banques ukrainiennes et les sociétés d'investissement détenues par les hauts responsables ukrainiens. Au total  un peu plus d'un milliard de dollars américains se sont retrouvés "dans les poches" des fonctionnaires du gouvernement ukrainien.

Selon Stockman, le Congressional Research Service est tenu d'examiner les faits fournis et d'évaluer l'ampleur réelle de la corruption en Ukraine, avant tout nouvel examen sur l'octroi ou le refus de nouvelles subventions, car les contribuables américains n'ont pas à subir le fardeau des problèmes ukrainiens. Les experts américains estiment que dans le cas d'une confirmation des informations au sujet des malversations sur les prêts américains et les subventions, Washington devra arrêter sa coopération avec l'Ukraine, ce qui est confirmé par la déclaration du Congrès.

En Avril 2014, le Parlement du Royaume-Uni a accepté d'accorder à l'Ukraine un prêt d'un milliard de dollars à 1,8 % par an, ce qui est le prêt le moins cher jamais accordé à l'Ukraine dans l'histoire.

Source

jeudi 20 novembre 2014

Ukraine/Novorossia : Comment les rebelles ont-ils fait pour vaincre des forces de Kiev largement supérieures ?



L’auteur anonyme de cette mini-série de trois articles est un blogueur américain (pseudonyme Shellback) qui se présente comme un ancien militaire, expert pour l’OTAN du désarmement à l’époque de Brejnev. Il n’estime pas que la Guerre froide fut une chose rigolote au point que nous devrions essayer de la recommencer. Il répond à trois questions sur ce conflit.



I. D’où viennent les armes ?

Au moment où l’ampleur des pertes ukrainienne commence à être connue – Porochenko admet que l’Ukraine a perdu les trois-quarts de son matériel militaire – les Occidentaux, trompés par la propagande de leurs propres médias, s’imaginent que la Russie a approvisionné les séparatistes en armes et en munitions. S’il est probable que du matériel a franchi la frontière, il existe une autre source d’approvisionnement inconnue de la plupart des Occidentaux.

Ce que la plupart des commentateurs ne veulent pas comprendre à l’Ouest, c’est que l’URSS se préparait à recommencer la Deuxième Guerre mondiale, avec des armées immenses composées de millions de conscrits et de réservistes. Or, des millions de soldats ont besoin d’immenses quantités d’armes et de munitions. Celles-ci doivent être déjà en place au moment de la mobilisation. Par conséquent, on trouvait des dépôts d’armement dans toute la partie occidentale de l’URSS. La plupart de ces sites étaient présentés comme le quartier général d’une division, squelettique en temps de paix, mais destinée à recevoir un flot de réservistes qui y trouverait, le moment venu, tout le nécessaire pour partir au combat.

Les Soviétiques divisaient leurs unités militaires en trois catégories. Autant que je puisse m’en rappeler au bout de trente ans, la Cat. I correspondait aux unités entièrement équipées et prêtes au combat ; dans la Cat. II, elles se composaient d’une partie du personnel, mais de la totalité de l’équipement ; et la Cat III était le niveau minimum. L’idée était que les unités de Cat. I étaient prêtes à démarrer immédiatement (lorsque le Mur est tombé, on m’a dit que les unités d’Allemagne de l’Est étaient prêtes à partir sous 48 heures, ce qui, entre parenthèses, montre qu’elles n’avaient pas l’intention de déclencher l’offensive. Comme il en était de même du côté de l’OTAN, cela explique probablement pourquoi nous sommes toujours là !). Les unités de Cat. II disposaient d’un délai d’une semaine environ, et la dernière de quelques mois.

Toute la tactique militaire soviétique était basée sur des vagues d’attaques (échelons) successives, recherchant les points faibles pour « renforcer le succès ». Ainsi, par exemple, les unités de la Cat. I d’Allemagne de l’Est ou de Pologne, recevaient un soutien d’unités de la Cat. II, positionnées à l’arrière, en Biélorussie ou en Ukraine, et ainsi de suite. Leurs propres unités de soutien se trouvaient positionnées à leur tour dans la République soviétique de Russie, et ainsi de suite.

Lorsque tout cela a pris fin, tout ce système est parti à vau-l’eau. La Russie a repris à son compte le matériel des pays du Pacte de Varsovie, et l’Ukraine, par exemple, a nationalisé ce qui se trouvait sur son territoire. À propos des unités de Cat. I postées en première ligne, la Russie était responsable de l’équipement et de son transfert en Russie. Quant au personnel, les conscrits sont rentrés à la maison et les soldats des différentes nationalités sont repartis chez eux. En bref, d’un jour à l’autre, une division blindée prête au combat s’est transformée en un tas d’équipements destinés à être rapidement rapatriés en Russie par un personnel en sous-effectif. Je ne pense pas qu’il y ait eu des unités de Cat. I en Biélorussie ou en Ukraine. Je crois me rappeler qu’il n’y avait là que des unités de Cat. II. Ces transferts ont été réalisés assez rapidement, et le système soigneusement élaboré a été détruit. J’ai l’habitude d’expliquer ce qui s’est passé par l’analogie suivante : les Russes avaient le fer de la lance et l’Ukraine et la Biélorussie la hampe. L’un et l’autre inemployables sans l’autre partie. Mais les gigantesques dépôts d’équipements nécessaires pour transformer les unités de Cat. II en Cat. I sont restés en Ukraine (ou en Biélorussie).

Pendant des années, la Russie a prétendu que les sites sur son territoire abritaient des divisions réelles. À l’époque, j’étais en contact permanent avec nos forces en Europe et des inspecteurs chargés de l’application du Traité de Vienne, mais la seule chose que trouvaient ces inspecteurs, lorsqu’ils débarquaient sur le site d’une prétendue division de fusiliers mécanisés ou division blindée, c’était des champs entiers de blindés mal entretenus, des officiers et pas de troupes. Nous imaginions à l’époque que le secret que les Russes cherchaient à garder était qu’ils n’avaient pas de soldats : « Ouais, en fait, ils sont sur le terrain, à l’entraînement ! » « C’est ça ! sans officiers et sans blindés ? » Mais comme le traité ne concernait que les équipements, et que les Russes coopéraient totalement là-dessus, ce n’était pas un problème. Entre parenthèses, l’entraînement était impossible. Je me souviens d’une femme russe me disant que son frère commandait une compagnie où il y avait deux soldats ! L’expression technique utilisée était « unités vides ».

Et puis, brutalement, un été (j’ai oublié l’année ; au cours des deux années séparant les deux guerres en Tchétchénie), nous avons reçu un flot de notifications (selon les règles du Traité) qui disaient toutes : « Supprimez de la liste la division mécanisée X., et remplacez-la par la Base d’approvisionnement n. Y, au même endroit. » Lorsque cela a été terminé, il y avait un nombre bien inférieur de divisions (transformées peu à peu en groupe de brigade indépendant) et de nombreuses bases d’approvisionnement. Après réflexion, nous avons pensé que l’idée de base d’approvisionnement était une tentative pour créer des emplois plutôt que de payer des retraites à des officiers en surnombre. Dans les réunions, à l’époque, les militaires russes nous disaient tout le temps qu’ils ne pouvaient pas payer les retraites et le logement des centaines de milliers d’officiers en surnombre. Les autres degrés de la hiérarchie étaient plus faciles à réduire, bien entendu. Les conscrits, il suffisait de les renvoyer chez eux plus tôt. Ces changements étaient la preuve que le vieux système soviétique avait disparu pour toujours.

Les choses ont commencé à changer ensuite. Je me souviens parfaitement de l’un des inspecteurs revenant très excité de l’inspection d’une brigade à Bouïnaksk, en 98 ou 99. Là-bas, ils avaient enfin trouvé une unité avec tout le matériel nécessaire, les hommes et, plus significatif encore, un officier pour commander tout cela. Plus personne ne prétendait qu’une poignée d’officiers fatigués, un champ de matériel, par un coup de baguette magique, se remplirait un jour de conscrits pour devenir une authentique division. Ce processus a dû commencer dans le Caucase du Nord, et est l’une des nombreuses raisons des meilleures performances des Russes dans la seconde guerre de Tchétchénie.

À la fin du processus, l’Armée russe : 1) disposait des commencements d’une structure rationnelle ; 2) avait abandonné l’utopie d’une gigantesque armée formée de nombreuses divisions, avec des problèmes momentanés de main-d’œuvre ; 3) des pseudo-divisions, disposant de stocks d’armes mal gardés par des officiers démotivés, se transformaient en quelque chose de plus sûr et de plus approprié, et le processus d’élimination d’armements obsolètes et dangereux pouvait commencer. Avec un gouvernement stable et de l’argent, beaucoup d’améliorations ont été apportées depuis 2000.

Rien de tout cela ne s’est produit pour les forces armées ukrainiennes (UAF). Il n’est pas difficile d’imaginer que le territoire ukrainien était couvert d’armureries mal gardées et de « formations vides ». Un officiel russe a récemment confirmé cela en affirmant :


« Lorsque l’URSS s’est effondrée, le territoire ukrainien était rempli de millions de fusils, de mines, de postes d’artillerie et d’autres armes. La zone où se déroulent les combats, où Kiev mène aujourd’hui ses opérations punitives, n’est pas une exception. Il y avait là des armureries dont les milices se sont emparées. »

On dit qu’à Slaviansk, en particulier, il y en avait une particulièrement importante dans une ancienne mine.

En bref, l’UAF est dans l’état où étaient les forces russes dans les années quatre-vingt-dix, plus une quinzaine d’années supplémentaires d’abandon. La plupart de ces équipements abîmés ne sont plus en état de marche. Mais si vous cannibalisez 100 chars pour en obtenir 10 en état de marche, c’est mieux que rien. Ici, nous devons nous rappeler que le Donbass est un pays de mécaniciens, de techniciens, d’artificiers, etc., sans parler qu’il compte plein de types qui ont servi en Afghanistan. La plupart des armes utilisées en Ukraine datent de l’époque de la guerre en Afghanistan. Le lance-roquettes multiple BM-21 « Grad », l’arme la plus puissante entre les mains des rebelles, et responsable de destructions effrayantes, par exemple, est en service depuis les années soixante. Les deux caractéristiques du matériel soviétique : facile d’emploi et très très rouillé. On a même vu des types remettre en marche un T-34 qui avait passé au moins 50 ans posé sur un plot en béton sous la pluie et la neige : toutes les caractéristiques évoquées plus haut illustrées d’un seul coup ! [1]

L’autre détail que nous avons appris au moment de l’effondrement est que, à la différence de l’Occident, où les arsenaux sont éclairés à gogo, ceinturés de clôtures barbelées, gardées par des patrouilles armées, etc., qui les rendent très visibles, mais très bien protégées, le style soviétique était d’avoir des sites beaucoup plus discrets, dans des lieux à l’écart, et de se fier davantage au silence pour les sécuriser. Une ancienne mine, comme il y en a beaucoup au Donbass, est l’idéal. Étant donné que le quartier-général de l’Armée soviétique était à Moscou, il est très possible que le gouvernement ukrainien n’ait même pas eu connaissance de la localisation de beaucoup de ces dépôts. L’un des services rendus par Moscou aux rebelles peut avoir été de leur indiquer où chercher.

À partir de là, je n’ai aucune difficulté à imaginer les rebelles pillant un dépôt pour s’emparer d’armes et de munitions. Ils ont le personnel pour les reconditionner et de nombreux vétérans de l’ex-Armée soviétique pour les faire fonctionner. À cela, on peut ajouter le matériel capturé sur leurs positions après la fuite des conscrits ukrainiens, et certains éléments achetés officiellement ou sous le manteau.

Finalement, tout ce dont ils pouvaient avoir besoin de la part de Moscou, c’était une certaine forme de commandement, des équipements de contrôle et du renseignement.

Le problème de l’Ukraine aujourd’hui, est qu’elle dispose des restes rouillés pendant deux décennies de ce qui était supposé à l’origine être la ligne de soutien des éléments les meilleurs et les mieux préparés, mais jamais une force valant pour elle-même. Et, pendant ces années-là, Kiev a vendu le meilleur à l’étranger (la Géorgie s’est approvisionnée auprès de l’Ukraine) et a laissé pourrir ce qui restait. Ainsi, les rebelles et les forces de Kiev sont bien mieux équipés que ce qui aurait été normalement le cas lors d’une révolte de la périphérie contre le centre. Les uns et les autres apprennent sur le terrain, mais les rebelles sont bien plus motivés, tandis que Kiev peut disposer d’un stock d’armement bien plus important.

Mais les rebelles s’améliorent bien plus vite que l’on s’y attendait, et ont un bon stock d’armes et de munitions. C’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup se sont imaginés à l’Ouest qu’ils étaient aidés par les Russes.

II. Les rebelles ont-ils eu des armes secrètes ?

Deux armes décisives dans cette guerre ont donné la victoire aux séparatistes : les missiles anti-aériens portatifs et le lance-roquettes multiple Grad (« grêle »). Au commencement du conflit, Kiev disposait de la supériorité aérienne totale. Peu d’hélicoptères et d’aéronefs, mais les seuls disponibles sur le terrain. En face, les rebelles disposaient de stocks de Sam-7, des lance-missiles portatifs. Comme beaucoup d’armes soviétiques, depuis sa mise en service dans les années soixante-dix, il avait été modifié et modernisé par étapes, et produit en grande quantité. Il est guidé par infra-rouge et mis en œuvre à l’épaule. Il est plus efficace contre les aéronefs attaquant le lanceur de face, c’est-à-dire lorsque l’aéronef se situe dans un angle de tir fermé. Selon le Kiev Post, Kiev aurait perdu dix hélicoptères et neuf avions. Le chiffre est probablement supérieur, mais l’essentiel est que ce système d’arme a réellement anéanti la supériorité aérienne du régime de Kiev. Soit ils ont détruit les avions, soit ils les ont obligés à voler à une altitude ou à une vitesse supérieure et, par conséquent, à être moins efficaces. Ces armes ont transformé la guerre en combat au sol.

Mais la véritable destruction des forces de Kiev, évoquée plus haut, a été réalisée avec les lance-roquettes Grad. Autre système d’arme ancien, le Grad est un camion dont la plateforme supporte 40 tubes lance-roquettes de 122 mm. L’arme n’est pas d’une grande précision – c’est ce qu’on appelle une « arme de zone » – mais le fait que les quarante roquettes peuvent être tirées en vingt secondes signifie qu’avec à peine quelques coups, on peut balancer une quantité effrayante d’explosifs en quelques instants. On trouve de très nombreuses vidéos de tirs de Grad sur Internet, et qui montrent l’efficacité des tirs, en particulier dans les « chaudrons » (ou « котёл » en russe). La majorité des rebelles, comme je l’ai déjà dit, sont des gars qui connaissent le terrain : les routes secondaires, où conduit ce sentier forestier, où se trouve cette colline et comment y arriver sans se faire voir. Les forces de Kiev ne connaissent pas la zone, possèdent des cartes notoirement inutiles (certains informations parlent de cartes des années vingt), et ne disposent pas d’informations.

Parce qu’elles s’appuient sur leur matériel lourd, elles restent cantonnés sur les axes principaux. Leur encadrement est ouvertement incompétent, les troupes sont composées soit de conscrits peu motivés, sous-entraînés, enrôlés de force, soit d’unités de « volontaires » motivés et débordants d’enthousiasme, gonflés aux jeux de guerre vidéos, qui se lancent sur les routes et se retrouvent pris au piège. Dans tous les cas, les forces d’éclairage des rebelles ont facilement repéré leurs positions et désigné les cibles. Quelques coups de réglage, une centaine de roquettes ou plus… C’est ce qui s’est produit à de nombreuses reprises. Le tout accomplit par de petites unités (comme le fameux groupe « Motorola ») et quelques Grad positionnés dans un rayon de vingt kilomètres.

III. Pourquoi ce retournement spectaculaire de situation ?

« P’tits gars contre gros costauds »

Beaucoup, à l’Ouest, se demandent comment les rebelles du Donbass ont bien pu battre les forces ukrainiennes sans une aide considérable de la Russie. Mais c’est oublier que la chose s’est déjà produite de nombreuses fois. Des « petits gars » ont souvent battu de « gros costauds ». Les Vietnamiens ont battu les Américains, les Israéliens ont battu les Arabes en 1948. Mais l’exemple le plus valable pour nous, c’est d’observer comment les Finlandais ont battu les Soviétiques pendant la « Guerre d’hiver ».

En 1939, les Soviétiques franchirent la frontière finlandaise sur toute son étendue. Les Forces armées finlandaises, réduites et peu mécanisées, étaient déterminées et connaissaient le terrain sur lequel elles combattaient. Elles étaient chez elles, après tout. L’Armée rouge était nombreuse, lourdement mécanisée pour les standards de l’époque, mais mal commandée. Staline venait d’éliminer ou d’emprisonner ses meilleurs officiers dans les Grandes Purges.

Qu’est-ce que firent les Finlandais ? Ils auraient pu se rendre ; mais ils étaient Finlandais, et peu disposés à cela. Ils devaient se battre sur deux fronts. Le premier était situé au sud, en Carélie. Là, ils comprirent qu’il ne pouvait y avoir de retraite. Ils construisirent la « ligne Mannerheim » et y installèrent tout l’armement lourd dont ils pouvaient disposer. Un mot finlandais défini leur tactique : « sisu », qui pourrait se traduire en français par « cran », « en avoir dans le ventre » ou « pas question de se rendre ». Un film illustre cette attitude, Talvisota (1989).

Mais les Soviétiques franchirent aussi la frontière nord. On raconte qu’ils avaient reçu en dotation des dictionnaires russo-suédois en vue de leur arrivée de l’autre côté du pays. Là, les Finlandais ne pouvaient pas concentrer leurs armes lourdes et leurs troupes, mais ils ne pouvaient pas non plus se permettre d’être battus.

En Finlandais, le mot « motti » signifie « bûche ». La tactique des Finlandais consista à « tronçonner » les envahisseurs. Le terrain était parsemé de forêts et de lacs gelés, terrifiants pour les conscrits russes [2], ukrainiens et biélorusses, mais un terrain de jeu familier pour les Finlandais. Ils tracèrent des pistes de ski parallèles aux routes utilisées par les Soviétiques. Ils « tronçonnèrent » les colonnes soviétiques avec des abattis (des arbres abattus en travers des routes formaient des obstacles infranchissables). Les groupes de soldats isolés se retrouvèrent pris dans un cauchemar hostile et glacé, avec pour seules ressources ce qu’ils avaient emporté comme nourriture, carburant et munition. Deux soldats se rapprochent pour allumer une cigarette : l’un d’entre eux est abattu par un sniper invisible. Une cuisine roulante est éclairée pour distribuer de la nourriture chaude : un sniper invisible abat le cuistot, un autre détruit la cuisinière. Des troupes soviétiques font une reconnaissance dans la forêt. Elles ne voient rien. Au retour, un sniper invisible abat l’officier. Des divisions soviétiques disparaissent. On ne retrouve que des véhicules détruits et des cadavres gelés. La tactique fonctionne : une force d’infanterie légère réduite, mobile, connaissant le terrain, triomphe de forces beaucoup plus puissantes. La tâche ne fut pas facile, les combats furent acharnés à certains endroits, mais, globalement, cinq ou six divisions soviétiques disparurent purement et simplement (lire A Frozen Hell, de William R. Trotter). À l’époque, bien entendu, la plupart des « experts militaires » parièrent sur les Soviétiques : plus de chars, plus d’avions, plus de troupes, etc. Comme aujourd’hui la plupart des « experts militaires » ont probablement prédit la victoire de Kiev sur les rebelles.

Or, c’est à peu près la même chose qui s’est passé dans l’Est de l’Ukraine. Le mot employé là-bas est « chaudron » (« котёл » en russe). La différence principale est que vous ne pouvez pas créer des « motti » dans une zone de plaine, seulement des « котёл ». Mais la technique est à peu près la même. Collées aux routes, mal commandées, de lourdes unités mécanisées s’avancent trop loin, et se retrouvent coupées de leurs bases. Parfois, elles peuvent rompre l’encerclement, mais la situation s’aggrave si elles restent immobiles : chaque jour, elles disposent d’un peu moins de nourriture, de carburant, de munitions et d’eau. Leur choix est simple : la mort ou la reddition. En Ukraine, les choses se sont passées en été. Au moins les Ukrainiens ne sont pas morts gelés comme des milliers de Soviétiques dans les « motti ».

Et voilà comment les « p’tits gars » (mais qui ont dû être drôlement courageux et déterminés) peuvent battre les « gros costauds ». Nous avons vu la même chose en Irak ou en Afghanistan, d’ailleurs. La différence est que les insurgés afghans ou irakiens sont empêchés par la maîtrise de l’air des Américains de se concentrer pour former des « motti » ou des « котёл ». Une autre ressemblance, et de taille, entre l’Ukraine, la Finlande, le Vietnam, l’Afghanistan et Israël en 1948, note James Clapper, directeur du NIA (USA), est que les attaquants n’ont pas prévu « la volonté de combattre » de l’adversaire. En juin, Porochenko déclarait que toute l’affaire serait traitée rapidement : « En heures, pas en semaines ! » Mohammed Ali, grand stratège militaire, le disait : « Lorsque vous n’avez pas la force d’attaquer frontalement, voletez comme un papillon et piquez comme une guêpe. » Et découpez-les en « motti » si vous en avez l’occasion !

Notes

[1] Il suffit de visionner quelques vidéos pour constater la rusticité et l’ancienneté du matériel employé : pas ou peu d’électronique dans les nombreux blindés des années soixante, voire cinquante ; tout à fait à la portée d’un mécano ou d’un vétéran débrouillard. – NdT.

[2] Souvent originaires du Sud de l’URSS, car Staline doutait de la loyauté des conscrits de la zone frontalière – NdT.

Trad : ER

J.U.N.T.A.


Le Blogue fait une pause pendant quelques jours. Le connétable prend un peu de repos.
En attendant, retrouvez tous les personnages de la série J.U.N.T.A. sur facebook, sur twitter et dans le groupe SOUTIEN A LA RÉBELLION DU DONBASS...


J.U.N.T.A., le générique.


lundi 17 novembre 2014

L'héroïque défense de la tour de guet de l'aéroport de Donetsk


Tôt le matin du 14 Novembre 2014, Les Forces armées ukrainiennes ont effectué des frappes massives d'artillerie sur les positions du 1er bataillon de la Force opérationnelle interarmées "Somalie". Contre une poignée de soldats, à peine une cinquantaine de combattants des FAN, sont alors apparus six chars T-72 et quatre BTR-80 ukrainiens, qui voulaient à tout prix évincer le bataillon «Somalie» de la tour de guet de l'aéroport. La bataille a duré deux heures et demie, et, malgré le manque de véhicules blindés et d'armes lourdes, malgré les pertes, les soldats de Novorossia ont tenu, ne lâchant aucun mètre de leur terre natale. Dans cette bataille, le correspondant de guerre Waheed est mort héroïquement.

Ukraine/Novorossia : SITREP du 17.11.2014 à 7h49 par Prokhorov : Motorola va bien (VIDEO)

Arsen Pavlov ("Motorola") sur Skype avec Gleb Kornilov
 
Vers 1h du matin (heure de Moscou) nous avons pilonné les Ukropes dans la zone du village Berezovoïe. En réponse, ils ont essayé de tirer sur quelque chose dans la zone de Dokoutchaïevka, en vain.

Vers deux heures et demie du matin, on entendait un duel de tirs à l'est de Marioupol dans la zone Chirokino. Avant, le soir nous avons frappé les Ukropes avec les mortiers encore en zone du village Tchernenko. Il a y une demi-heure environ les Ukropes ont commencé à pilonner Staroignatievka. (le Sud de la RPD).

Les cosaques ont réussi à réaliser une percée sur la périphérie du bourg Tchernoukhino (pèrs de Debaltsevo), seulement grâce aux renforts venant de Debaltsevo, leur attaque a été contrée. Mais les cosaques ont bien fauché les Ukropes. Et après, il les ont bien pilonné avec l'artillerie dans Tchernoukhino  et près de Mius.

La nuit, sur la rivière Bakhmutka nous avons molesté les avant-postes des Urkopes près des villages Krymskoïe et Trekhizbenka avec les mortiers et les MLRS "Grad"
Nous avons pilonné les Ukropes près de la ville Stchastie. Avec du résultat à en juger sur leurs hurlements.

On peut déjà tirer d'autres bilans : la batterie d'artillerie n°28 près de Stepnoïe est allée en enfer (l'information vient des Ukropes mêmes).



Hier les Ukropes se sont mis à diffuser des infos sur une grave blessure de Motorola. La source de l'intox a été le message d'un soi disant parachutiste qui a déserté de la 79eme unité, à l'indicatif "Marshall".
En fait, il n'a fait que reproduire Gleb Kornilov :

"J'ai parlé avec Motorola sur Skype. En résumé :
1. L'aéroport sera défendu jusqu'au bout;
2. Aujourd'hui j'ai reçu dans la poitrine l'éclat d'un obus de 152 mm. Sauvé par le gilet pare-balles.
3. Il attend avec impatience la première livraison des gilet" 'le rêve de Motorola";
4. Il a remercié [Gleb et sa fondation] pour lui avoir fourni des téléphone increvables Hummer, des uniformes d'hiver et le colis privé (voir la vidéo ci-dessus).

Dans sa conversation téléphonique avec le journaliste de LifeNews, Motorola a dit:
"Je suis sain et sauf. Pas de blessures, tout va bien. Je dors en ce moment, ne vous inquiétez pas. Plusieurs personnes m'ont appelé, pas de quoi vous inquiéter".

Source : Novorossia Today

(A Suivre...)

La phrase-clé de l'interview de Vladimir Poutine à la chaine allemande ARD


La phrase-clé de l'interview de Vladimir Poutine à la chaine allemande ARD :

" Aujourd'hui il y a des combats dans l'est de l'Ukraine. Les autorités centrales ukrainiennes ont envoyé les forces armées là-bas et ils utilisent même des missiles balistiques.
Est-ce que quelqu'un en parle? Pas un seul mot.
Et qu'est-ce que cela signifie? Qu'est-ce que cela nous dit?
Cela souligne le fait que vous voulez que les autorités centrales ukrainiennes anéantissent tout le monde là-bas, tous leurs ennemis et opposants politiques. Est-ce ce que vous voulez? Nous, certainement pas. Et nous ne laisserons pas cela se produire."


The Saker

vendredi 14 novembre 2014

Un journaliste américain visite Donetsk : Où sont les russes ?


Veselina, commandante d'une section d'élite des FAN

Le journaliste américain Miguel Francis Santiago, auteur de "la Crimée pour les nuls" sur la chaine russe RT, est allé à Donetsk un conflit sanglant fait rage. Avec les informations contradictoires en provenance de la région, un témoignage de première main sur la situation est la seule façon de savoir ce qui se passe réellement là-bas

Miguel Santiago et son équipe sont allé au plus près des tirs et des obus qui explosent, avec un appareil photo comme seule arme. Ils ont voulu voir comment est la situation là-bas de leurs propres yeux. Ils sont allé à l'Opéra du Donbass qui sert aussi d'abri pour les habitants et ont visité l'aéroport dévasté de la ville

En chemin, ils ont parlé avec des combattants indépendantistes pour savoir pourquoi ils ont pris les armes, ainsi que des citoyens ordinaires qui essaient de continuer leurs vies et de préserver un semblant de normalité dans ces circonstances difficiles.

Quand on regarde ce reportage filmé il y a quelques jours à peine, une question lancinante ne peut manquer de revenir à l'esprit : mais où sont donc ces satanés russes dont les médias français nous décrivent "l'invasion" depuis maintenant des mois ?


Donetsk: un regard américain (S/T ang.)





Miguel Santiago (en vert clair) et son équipe avec Veselina et ses hommes
 Plus de photos : LIEN

 Bonus : Un point de la situation de l'aéroport par Guivi au 12/11 sous-titré en français :




PS : Merci à Thomas pour la vidéo.

jeudi 13 novembre 2014

Ukraine/Novorossia : De l'humour, encore et toujours...


Puisque l'assaut tant redouté ne vient toujours pas, ni d'un coté, ni de l'autre, rions un peu...

"A toi de jouer!"

Aidons l'OTAN à se payer des satellites potables!

"Vous avez de nouveaux ordres, Bond. Pas de connexions avec les belles filles!" - "Comment je vais travailler maintenant ? Elles sont toutes belles ici!"
"Trahison!"

mercredi 12 novembre 2014

Ukraine/Novorossia : 12.11.2014 - SITREP - L'amour, toujours l'amour...


Aujourd'hui, l'artillerie des FAN a commencé à répliquer aux bombardements incessants des forces de Kiev sur les quartiers environnant l'aéroport de Donetsk.
Le bâtiment et la tour des pompiers de l'aéroport ont été repris par le bataillon "Somali", ainsi maintenant les FAN contrôlent la route de Peski. Ce qui a permit au bataillon Kalmius de positionner correctement ses LRM Grad et commencer à frapper avec un maximum de précision les positions de tir de l'artillerie de Kiev sournoisement cachées dans les zones résidentielles de Peski et Avdeïevka.


SITREP du Combattant "Bison" ["Zubr"]
" La nuit n'a pas été facile, la matinée a commencé de façon très bruyante. Des Districts de Peski et Avdeïevka, les forces de sécurité ukrainiennes tirent sur la zone de l'aéroport avec leurs pièces d'artillerie. Aux environs de 09h30 (RPD) la brigade "Kalmius" a commencé à répondre aux attaques de l'OAT en tirant plusieurs volées de MLRS "Grad" appuyées avec des mortiers et "rapières". L'armée de Novorossia s'emploie jour après jour à essayer d'encercler entièrement Avdeïevka, ce n'est pas encore possible, mais le matériel de l'OAT, qui est à la fois dans le village et à l'extérieur est progressivement détruit . " (VdS)


Curieux incident en mer d'Azov. Une explosion est survenue près du côté tribord du cargo russe "Nakhodka" alors qu'il était à plus de 22 km en mer au large de la côte. Cette explosion était très forte et a été entendue à Marioupol. Des rapports d'explosion en mer avaient déjà été publiés auparavant, mais jamais concernant un navire russe. Le navire est en bon état et a continué vers les eaux territoriales russes. Il semble que l'explosion était dans la mer près du navire, pas sur le navire, ce qui est plutôt bizarre.
http://www.vesti.ru/doc.html?id=2115920



Les députés nouvellement élus, les commandants de bataillons de la mort dits "punitifs" Semen Semenchenko ("Donbass"), Yuri Bereza ("Dnepr") et Andrew Teteruk ("Pacificateur" ["Mirotvorets"]) se sont envolé vers Washington pour rencontrer le sénateur américain républicain John McCain. C'est ce que Semenchenko a écrit sur sa page Facebook. Toutefois, il n'a donné aucun détail de la réunion. (Voix de Sébastopol)

Le ministre de la Défense ukrainien Stepan Goldorak Poltorak au cours d'une réunion de son Cabinet a annoncé mercredi la préparation pour le combat :
" Une mission claire pour se préparer à la bataille. Nous sommes prêts, nous poursuivons le redéploiement des forces armées.. , "- a dit Poltorak.
" Beaucoup de travail a été fait sur ​​la préparation de la première ligne de défense et nous continuons sur la deuxième... "- a-t-il ajouté.

Artemovsk, en zone occupée de la RPD, un accident s'est produit impliquant l'OAT. Bizarrement un BMP ukrainien a écrasé la voiture d'un "Moskal", il y a un mort et un blessé.

 L'habituelle intox de  La Voix de l'OTAN l'AFP, bien sur, toujours pas la moindre preuve. Pas une image, pas une vidéo probante, pas la moindre photo satellite US, même pas une "image claire du nombre". Rien. Il faut se fier à leur bonne foi :

Ukraine: l'Otan confirme l'entrée de convois militaires russes


Sofia - L'Otan a observé ces deux derniers jours l'entrée de colonnes d'équipements militaires russes en Ukraine, dont des chars, de l'artillerie et des troupes combattantes, a annoncé mercredi son commandant en chef, Philip Breedlove, en déplacement à Sofia.

Au cours des deux derniers jours, nous avons observé les mêmes choses que l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Nous avons vu des colonnes d'équipements russes, des chars russes, des systèmes de défense antiaérienne russes, de l'artillerie russe, et des troupes de combat russes entrant en Ukraine.

Nous n'avons pas encore une image claire du nombre. Nous avons vu plusieurs colonnes, a-t-il ajouté.

Des observateurs de l'OSCE ont rapporté mardi que 43 camions militaires sans plaques d'immatriculation se dirigeaient vers le centre-ville de Donetsk, bastion des forces séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Cinq de ces camions tractaient des pièces d'artillerie lourde et cinq autres des lance-roquettes multiples, a indiqué l'organisation dans un communiqué.

Ce qui m'inquiète le plus, c'est que nous nous retrouvons dans une situation où l'ancienne frontière entre l'Ukraine et la Russie est complètement poreuse. Elle est grande ouverte, a expliqué le général Breedlove.

Les forces, l'argent, les soutiens, l'approvisionnement, les armes, circulent à volonté de part et d'autre, et ce n'est pas une bonne situation, a-t-il précisé.

Nous avons besoin de revenir à la situation où cette frontière internationale est respectée, et cela nous aidera à limiter le problème du réapprovisionnement (en armement) dans l'est de l'Ukraine, a souligné le commandant en chef de l'Otan.


(©AFP / 12 novembre 2014 12h51)
[NB : L'OSCE n'a jamais dit que ces 43 camions non identifiés étaient "russes" ni même qu'ils venaient de Russie.]

A suivre...

Tous nos vœux aux jeunes époux de la division Motorola (FAN)

Journal de Novorossia du 11-12 Novembre Cassad TV (Sous-titres anglais)
1. La situation de la journée dans la RPD et RPL
2. Les experts venus des Pays-Bas continuent de reporter indéfiniment l'enlèvement des débris du site du crash du Boeing.
3. Dans la région de Lougansk, un réseau de magasins sociaux a démarré.
4. Le chef du ministère de l'Intérieur ukrainien Arsen Avakov a partagé avec les abonnés des réseaux sociaux ses espoirs et ses rêves pour les futurs bataillons de volontaires.
5. Les autorités de Kiev ont décidé de priver les rangs et degrés de professeurs agrégés et les professeurs.
6. La RPL a remis aux forces de Kiev des prisonniers blessés sans exiger d'échange. En remerciement de ce geste de bonne volonté, les forces de l'OAT ont bombardé Kirovsk, Stakhanov, Frounzé, Zoltoyé et Donetsk.
7. La société qui est le fournisseur de charbon d'Afrique du Sud Steel Mont ne va pas signer un nouvel accord de coopération avec l'Ukraine.
8. A Artemovsk, un BMP de l'OAT a écrasé une voiture civile, une personne a été tuée et une autre blessée.
9. Pour les ministres du futur gouvernement ukrainien, il est envisagé d'interdire d'avoir des pages officielles sur les réseaux sociaux.
10. Liatshko a été victime du farceur russe Alexeï.
11. Brèves importantes.


"Somali" repousse une attaque de chars à l'aéroport.


Sitrep de l'aéroport, le 12.11 par Guivi

mardi 11 novembre 2014

Emmanuel Todd : "je suis capable de dire que je souhaite une victoire russe"



Emmanuel Todd était face à Philippe Gildas, Gérard Carreyrou et Olivier Duhamel dans « Le Club de la Presse ».


Partie 1 : L'impopularité de Hollande et mea culpa sur le "hollandisme révolutionnaire"


Partie 2 : L'UE, la Russie et la crise ukrainienne


Partie 3 :  L'affaire Fillon/Jouyet, révélateur de la réalité du système. "Le Monde", organe subventionné de l'oligarchie. Todd rabat son caquet à Duhamel.


Partie 4 : L'establishment déconnecté de la réalité. Rencontre imprévue avec Florian Phillipot.

1914/2014 : En souvenir de vous...




Mère, voici vos fils qui se sont tant battus,

Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.

Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre

Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée. 

(C. Péguy)


lundi 10 novembre 2014

Ukraine/Novorossia : SITREP du 10.11.2014

Un garde des FAN devant le restaurant "Hollywood" à Donetsk
SITREP du combattant des FAN "Bison" :

On signale à Marioupol dans le quartier Primorsky plusieurs fortes explosions. Donetsk est actuellement relativement calme, avec le brouillard, la visibilité est mauvaise. Dès que la brume se dissipera, les "ukris" vont immédiatement recommencer à attaquer.
A Gorlovka aussi, la nuit s'est passé tranquillement, bien que dans les banlieues ont eu lieu des tentatives d'infiltration des GSR. Repérage vidéo de nos positions pour l'artillerie - en fait, ce n'est pas le premier cas, et ce sont les tactiques "normales" de l'OAT.
Vers Konstantinovka, pendant la nuit ont été entendus des coups de feu, les nôtres n'étant pas là, l'armée ukrainienne tire apparemment sur elle-même, ou bien elle tire sur des milices imaginaires.
(Source : VDS)


Les FAN auraient réussi à encercler Avdeïevka, bloquant complètement les mouvements de l'armée ukrainienne. D’après l'état-major, la milice travaille actuellement à nettoyer Avdeïevka des envahisseurs. L'état-major encourage le public à signaler les positions de l'OAT. (Source)


Le chef de l’état Alexandre Zakharchenko sur le front, hier à l'aéroport. Quand ils ont appris sa présence, les ukrainiens ont immédiatement donné l'ordre à leurs unités de LRM Grad de faire feu sur l'aéroport. (Sous-titres anglais par Kazzura)


Duel d'artillerie.
«Le prétendu Dieu des armées est toujours pour la nation qui a la meilleure artillerie, les meilleurs généraux.» Ernest Renan
Depuis le début du conflit, l'artillerie tient une place centrale dans les combats.
Du côté ukrainien les soudards de Kiev, lâchement l'utilisent en priorité pour éviter les corps à corps défavorables et tenter de terroriser la population,
Du côté de la Novorossiya, l'artillerie en revanche se montre la noble héritière de cette artillerie russe qui imposa par sa tactique et sa précision le sort de nombreuses batailles de l'Histoire.
L'artillerie de la Novorossiya, équipée dans les premiers jours de canons éparses récupérés dans les unités militaires de Donetsk et Lugansk puis sur le champ de bataille a permis grâce à la maîtrise du terrain et la précision de ses servants de compenser la supériorité numérique écrasante de l'ennemi et de briser ses assauts.
Aujourd'hui, parallèlement aux tirs de contre batteries des duels d'artillerie autour des bastions retranchés de Donetsk et Lugansk, les artilleurs du Donbass utilisent une tactique de harcèlement redoutable basée sur la mobilité et la surprise...
Coup de chapeau à ses artilleurs d'élite du Donbass !

Erwan Castel

"L'artillerie russe, supérieure en nombre, manœuvrait au galop ; elle prenait en écharpe et en flanc nos lignes qu'elle abattait"
Philippe de Ségur, "Histoire de Napoléon" IX, 10
(A SUIVRE...)

Vidéos :


Colonne de chars T-72B des FAN dans Donetsk (vidéo non confirmée-date peut-etre antérieure). A noter que, contrairement à ce qu'affirment certains, ce modèle de char est bien en service dans l'armée ukrainienne.


Graham Phillips sur la ligne de front, à Donetsk le soir du 8 novembre


Artillerie des FAN filmée hier sur la route de Donetsk. On peut voir des Msta-B et des D-20. C'est amusant d'entendre les journalistes parler «d'énorme convoi» pour décrire quelques batteries d'artillerie et des véhicules de soutien et de commandement. Que diraient-ils, s'ils voyaient une division au complet?


Les vraies images de l'invasion russe en Ukraine


2S5 Giatsint-S ukrop au travail sur Donetsk


Unité d'artillerie de la Brigade de l'armée cosaque du Don, batterie de missiles BM-21


Combats sur Nikishino (S du saillant de Debaltsevo) le 7.11.2014


La vérité qui dérange. Roman Gnatiuk, Donetsk.06.11.14 (sous-titres français Y.D.)


Kirovsk, 05.11.2014. Après les bombardements... (sous-titres français Y.D.)


Journal de Novorossia du 9-10 Novembre Cassad TV (Sous-titres anglais)
1. La situation de la journée dans la RPD et RPL
2. Zakharchenko a l'intention de demander un procès international des forces de l'ordre ukrainiennes.
3. L'artillerie ukrainienne a tiré sur Zakharchenko à l'aéroport de Donetsk.
4. À l'usine "styrène" des obus de système "Smerch" neutralisés par les démineurs des FAN.
5. La RPD fournira un nouveau protocole à Minsk.
6. Turchynov a refusé de signer la loi d'amnistie.
7. Nalivaychenko dit que la crise se prépare en Ukraine.
8. Les églises orthodoxes attaquées en Ukraine occidentale.
9. Explosion à Kharkov.
10. A Donetsk, distribution de médicaments gratuits.
11. Brèves importantes.


PS : Lire l'analyse indispensable de la bouillie médiatique française par Olivier Berruyer :

[Incroyable incompétence] Quand l’AFP confond 40 camions-citernes avec des chars russes {recommandé}

vendredi 7 novembre 2014

Ukraine/Novorossia : Gorlovka. La vérité telle qu'elle est (Vidéo + sous-titres français)



Dans cette édition spéciale vous verrez et entendrez la vérité telle qu’elle est. Sans phrases coupées du contexte, sans montage, ni suppositions et inventions de certains. Pour contrer tous les mensonges déversés quotidiennement par les médias ukrainiens. Le 18 octobre 2014 la ville de Gorlovka a reçu la visite de l’équipe de tournage de la chaîne 1+1 (chêne nationale de télévision de l’Ukraine), ainsi que des journalistes de la Fédération de Russie de Kommersant.ru, Lenta.ru , Novaia Gazeta et Bezler-Info (chaîne locale). Ce tournage en commun est une première !.. Plus de 2 heures de témoignages de civils, des autorités locales, de la milice populaire, des ex-prisonniers, de Vassily Boudik, conseiller du ministère de la défense de l’Ukraine, d’autres représentant de la partie ukrainienne et pour finir - la conférence de presse du commandant Igor Bezler.
(Sous-titrages réalisés par Yelena Delville)


Intégrale des parties 1 à 11  (cliquer sur "playlist" en haut à gauche pour sélectionner une partie)

jeudi 6 novembre 2014

Ukraine/Novorossia : SITREP express du 06.11.2014

Une version modernisée de la célèbre tatchanka de Makhno avec lance-grenade
Gros assaut ukrainien avec colonnes de chars et tirs d'artillerie sur Yasinovata. On parle de pertes assez lourdes à Donetsk mais les FAN tiennent leurs positions. D'autres rapports de combats intenses et un grand nombre de pertes à l'aéroport ainsi qu'à Debaltsevo et Schastye.
Cependant, je ne pense pas que ce soit l'assaut principal attendu, en tout cas pas encore...

Volontaires polonais des FAN
 L'attaque sur Yasinovata semble avoir été repoussée avec des pertes ukrainiennes déclarées de quatre chars et un BMP. Deux grosses colonnes ukrainiennes en provenance de Slaviansk sont en train d'arriver. Probablement une provocation pour tenter de provoquer une contre-attaque des FAN

MàJ : à 22H00

  Strelkov:
 "Tout va bien. L'attaque sur Yasinovata a déjà été repoussé causant de lourdes pertes ukrs. Dans la zone de Schastie c'est calme également, l'ennemi n'a réussi à avancer nulle part."

"un affrontement a eu lieu ENTRE Yasinovata et Avdeïevka. Par ailleurs, Yasinovata est une ville assez grande et étendue. Un dense tir de barrage d'artillerie ukr a eu lieu dans la zone de Schastie, mais il n'y a pas d'offensive pour l'instant"


6 novembre 2014, 16H08 attaque de chars sur la banlieue de Donetsk. Ce sont des zones résidentielles peuplées donc des pertes civiles sont très probables.


Les dégâts des bombardements ukrainiens sur Donetsk, le 06.11.2014


LIVE de l'aéroport de Donetsk filmé depuis le quartier nord-ouest de Kievsky


Interview d'un milicien cosaque :"Les bombardements continuent 24 sur 24. Vous l'entendez maintenant. Voilà la situation." (S/T Fra.)


En réponse à ceux qui crient sans cesse que les séparatistes se servent des civils du Donbass comme "boucliers humains". Voici la preuve que ce sont les troupes gouvernementales ukrainiennes qui le font dans cette vidéo ou on les voit se cacher dans des zones résidentielles de Pesky (ville sous contrôle ukrainien près de l'aéroport de Donetsk)


Hier, alors qu'ils jouaient au football, un groupe d'écoliers de Donetsk a été victime d'un énième bombardement aveugle des troupes de Kiev. Les médecins ont eu des difficultés pour accéder au terrain en raison du bombardement massif des troupes ukrainiennes qui a retardé les secours. Deux adolescents sont morts et quatre blessés. Ici, le témoignage de la mère d'une des victimes et les images du lieu du drame. 


Motorola remercie Gleb Kornilov et les donateurs pour l'aide humanitaire reçue pour ses troupes et pour les enfants victimes du conflit.


Journal de Novorossia du 5-6 Novembre Cassad TV (Sous-titres anglais)
1. La situation de la journée dans la RPD et RPL. 
2. Dans Donetsk, des obus ukrainiens sont tombés sur le terrain d'une école, deux enfants ont été tués et quatre blessés.
3. Le Comité d'enquête de la Fédération de Russie a ouvert une enquête criminelle sur les bombardements d'écoles à Donetsk.
4. Les chefs d'Etat de la RPD et de la RPL exigent de reconsidérer l'accord de Minsk.
5. Le ministère ukrainien de la Défense va acheter des armes et du matériel militaire pour 60 millions de dollars.
6. Les jeunes défenseurs de la Nouvelle-Russie.
7. Le Gouvernement de l'Ukraine a officiellement refusé de payer aux résidents du Donbass les pensions et les salaires.
8. Le procureur a ouvert une procédure contre le commandant de la compagnie "Berkut" pour les évènements à Kiev en Janvier de cette année.
9. A Kharkov un bâtiment a brûlé dans lequel il y avait un entrepôt de vêtements pour les "agents de sécurité" ukrainiens.
10. manifestations régulières à Kiev.


 à suivre...

mercredi 5 novembre 2014

Comment déclencher une guerre et perdre un empire, par Dmitry Orlov




Il y a un an et demi, j’ai écrit un essai sur la façon dont les USA ont choisi de voir la Russie, intitulé l’Image de l’ennemi. A l’époque, je vivais en Russie et, après avoir observé la rhétorique antirusse américaine et les réactions des Russes, j’ai fait des observations qui m’ont paru importantes à l’époque. Il s’avère que j’avais réussi à déceler une tendance importante, mais étant donné l’allure rapide des derniers développements, ces observations sont tristement dépassées, et par conséquent, en voici une mise à jour.

Dmitry Orlov
A cette époque, les enjeux n’étaient pas encore très importants. On faisait beaucoup de bruit au sujet d’un type dénommé Magnitsky, un avocat d’affaires véreux qui s’était fait arrêter et qui mourut en détention provisoire. Il détenait des informations sur quelques escrocs occidentaux de plus grande envergure, qui, bien sûr, n’ont jamais été inquiétés. Les Américains ont choisi de traiter toute l’affaire comme une violation des droits de l’homme, et ont répondu par ce qui est communément appelé Loi Magnitsky, qui sanctionnait certains individus russes étiquetés comme “contrevenants aux droits de l’homme”. Les législateurs russes ont répliqué avec la “Loi Dima Yakovlev”, nommé d’après un orphelin russe adopté par des Américains qui avaient provoqué sa mort en le laissant dans une voiture fermée pendant neuf heures. Cette loi interdisait aux démons américains tueurs d’orphelins de continuer à adopter des enfants russes. Le tout se résumait à un mélodrame stupide.

Mais quelle différence depuis un an et demi ! L’Ukraine, qui en ce temps là s’écroulait à peu près du même pas régulier que ce qu’il avait toujours été depuis son indépendance vingt ans auparavant, est aujourd’hui un état réellement mort, avec son économie en chute libre, une région qui a fait sécession et deux autres en rébellion ouverte, une grande partie du pays terrorisée par des escadrons de la mort financés par des oligarques, et quelques marionnettes intronisées par les Américains, nommément en charge, mais qui tremblent dans leurs bottes à l’idée de ce qui va se passer. La Syrie et l’Irak, qui alors ne mijotaient qu’à petit feu, sont depuis entrés en éruption dans une guerre véritable avec des régions des deux pays sous contrôle du Califat Islamique, qui a été formé avec l’aide des USA et pourvu d’armes américaines via les Irakiens.

La Libye post-Khadafi semble travailler à établir un Califat Islamique de son cru. Sur ce fond de profond échec de la politique étrangère américaine, les USA ont trouvé pertinent d’accuser les Russes de maintenir des troupes “au seuil de l’Otan”, comme si cela n’avait rien à voir avec l’expansion de l’Otan à l’Est, jusqu’aux frontières russes. Sans surprise, les relations entre les USA et la Russie en sont arrivées à un point tel que les Russes ont jugé approprié d’émettre un avertissement sévère : toute autre tentative de coercition par menaces peut déboucher sur une confrontation nucléaire.

Le comportement américain à travers cette succession de défaites a été remarquablement constant, l’élément récurrent étant un refus catégorique de prendre en compte la réalité, de quelque façon que ce soit. Tout comme avant, en Syrie, les Américains cherchent inlassablement des islamistes modérés, pro-occidentaux, qui veulent faire ce que les Américains veulent qu’ils fassent (renverser le gouvernement Assad), mais qui n’iront pas jusqu’à exterminer tous les envahisseurs infidèles sur lesquels ils peuvent mettre la main. Le fait que ces islamistes modérés, pro-occidentaux semblent ne pas exister n’affecte en rien la stratégie américaine dans la région.
 
De la même façon, en Ukraine, le fait que le lourd investissement des Américains dans la “liberté et la démocratie” ou la “société civile”, ou ce que vous voudrez, ait débouché sur un gouvernement dominé par des fascistes et une guerre civile n’est, selon les Américains, que de la propagande russe. Parader sous la bannière de la division SS ukrainienne d’Hitler et sacrer héros nationaux des collaborateurs des nazis n’est pas assez convaincant à leurs yeux. Que doivent donc faire ces nazis pour prouver qu’ils sont bien nazis, construire des fours et brûler quelques Juifs ?

Massacrer des gens en mettant le feu à un immeuble, comme ils l’ont fait à Odessa, ou tirer dans le dos sur des civils désarmés pour ensuite les jeter dans des charniers, comme ils l’ont fait à Donetsk, n’est pas suffisant semble t-il. Le fait que de nombreuses personnes aient refusé d’être gouvernées par des voyous nazis et leur ont résisté avec succès est la raison de l’étiquette “séparatistes pro-russes” que les Américains leur ont collée, et qu’ils ont alors utilisée pour rejeter la responsabilité des troubles en Ukraine sur la Russie, et imposer des sanctions à la Russie. Ces sanctions seraient revues si la Russie retirait ses troupes de l’Ukraine. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de troupes russes en Ukraine.

Notez que ce type de comportement n’a rien de nouveau. Les Américains ont envahi l’Afghanistan parce que les Talibans ne voulaient leur remettre Ossama Ben Laden (qui était un agent de la CIA) que si les Américains fournissaient des preuves de son implication dans les attentats du 11 septembre – lesquelles n’existaient pas. Les Américains ont envahi l’Irak parce que Saddam Hussein ne voulait pas renoncer à ses armes de destruction massives – qui n’existaient pas. Ils ont envahi la Libye parce que Mouammar Khadafi ne voulait pas renoncer à des positions officielles – qu’il ne détenait pas. Ils étaient prêts à envahir la Syrie parce que Bashar el Assad avait utilisé des armes chimiques contre sa population – ce qu’il n’avait pas fait. Et aujourd’hui, ils ont imposé des sanctions contre la Russie parce que la Russie a déstabilisé et envahi l’Ukraine – ce qu’elle n’a pas fait non plus (les USA l’ont fait).

Les sanctions contre la Russie ont un aspect d’autant plus surréaliste qu’elles se retournent contre l’Occident tout en donnant au gouvernement russe l’élan qu’il lui fallait pour réaliser ce qu’il voulait faire depuis longtemps. Les sanctions ont porté atteinte aux droits de plusieurs hommes d’affaires et officiels russes, qui ont brutalement retiré leur argent des banques occidentales et leurs enfants des écoles et universités occidentales, et ont tout fait pour démontrer qu’ils étaient de bons patriotes russes, et non les laquais des Américains.

Les sanctions ont affecté plusieurs compagnies d’énergie russes, en les coupant des sources occidentales de technologie et de financement, mais cela va d’abord sabrer les gains des compagnies d’énergie occidentales et profiter à leurs rivaux chinois. Il y a même eu la menace de couper la Russie du système SWIFT, ce qui aurait rendu assez difficiles les transferts de fonds entre la Russie et l’Occident, mais au lieu de cela, la conséquence de cette menace aura été de donner un élan à la Russie pour créer son propre système RUSSWIFT, qui inclura même l’Iran, et neutralisera toute velléité américaine future d’imposer des restrictions financières.

Les sanctions étaient censées causer des dégâts économiques, mais les efforts occidentaux pour infliger des dommages à court terme à la Russie sont en train d’échouer. Couplé à une baisse substantielle du prix du pétrole, tout cela était censé affecter fiscalement la Russie, mais comme les sanctions ont également fait chuter le rouble, le résultat net sur les finances de la Russie est nul. Les prix du pétrole sont plus bas, mais en partie grâce aux sanctions, il en va de même du rouble, et comme les revenus du pétrole sont encore généralement en dollars, cela signifie que les reçus d’impôts russes sont en gros au même niveau qu’avant. Et puisque les compagnies pétrolières russes gagnent des dollars à l’étranger mais dépensent localement des roubles, leurs budgets de production ne sont pas affectés.

Les Russes ont aussi répliqué par des contre-sanctions et par l’adoption rapide de mesures visant à neutraliser l’effet des sanctions passées contre eux. La Russie a interdit l’importation de certains produits de l’UE – au grand dam des agriculteurs européens. Parmi les membres de l’UE, les pays les plus férocement antirusses ont été les plus touchés : les pays Baltes, qui n’ont pas tardé à perdre une grosse partie de leur PIB, tout comme la Pologne. La Serbie, qui ne s’était pas jointe aux sanctions, fait figure d’exception. Ici, le message est simple : les amitiés séculaires comptent ; ce que les Américains veulent n’est pas ce que les Américains obtiennent ; et l’UE n’est qu’un bout de papier. De sorte que les contre-sanctions sont en train de créer une situation conflictuelle entre les USA et l’UE, et, à l’intérieur de l’UE, entre l’Europe de l’Est (la plus touchée par les sanctions russes) et l’Europe de l’Ouest. De façon plus significative, elles mettent en lumière un message simple : les USA ne sont pas les amis de l’Europe.

Il y a un autre point qui va devenir important sur le long terme : la Russie a compris le message et se détourne de l’Occident pour aller vers l’Est. Elle fait fructifier son défi ouvert aux tentatives de domination mondiale des USA en le transformant en relations commerciales à travers le monde, dont une grande partie en a plus qu’assez de payer un tribut à Washington. La Russie tient le premier rôle dans la mise en place d’un système bancaire international qui court-circuitera le dollar US et la Réserve fédérale. Sur ce terrain, plus de la moitié des territoires et des populations du monde sont carrément du côté des Russes et les applaudissent à grand bruit. De sorte que l’effort pour isoler la Russie a produit l’effet inverse : il tend plutôt à isoler l’Occident du reste du monde.

De plusieurs autres façons, les sanctions ont en réalité un effet positif. L’interdiction des importations de produits alimentaires depuis l’UE est une aubaine positive pour l’agriculture du pays tout en faisant ressortir un point politiquement important : ne prenez pas la nourriture de la main de ceux qui vous mordent. La Russie est déjà l’un des plus grands exportateurs de céréales au monde, et il n’y a aucune raison pour qu’elle ne devienne pas entièrement autosuffisante au plan alimentaire. L’élan pour le réarmement face à l’emprise de l’OTAN sur les frontières russes (il y a maintenant des troupes US basées en Estonie, à quelques heures de route de la seconde ville du pays, Saint-Pétersbourg) fournit la motivation nécessaire au redéveloppement industriel. Ce cycle de dépenses militaires est planifié de façon un peu plus intelligente que du temps des soviets, en incluant au plan dès le départ la conversion finale en industries civiles. Aussi, en plus d’avoir les meilleurs avions de combat du monde, la Russie est sans doute sur le point de commencer à produire des avions civils destinés à l’export pour faire concurrence à Airbus et Boeing.

Mais ce n’est que le début. Les Russes semblent avoir finalement réalisé à quel point le terrain de jeu a été faussé à leur détriment. Ils ont dû jouer selon les règles de Washington de deux façons déterminantes : en se soumettant à la volonté de Washington pour garder leur crédit auprès des trois agences majeures de notation occidentales et avoir accès aux crédits occidentaux ; et en jouant selon les règles occidentales en matière d’émission de crédit, ce qui a maintenu leurs taux d’intérêt intérieurs artificiellement élevés. Le résultat a été que les entreprises américaines ont pu financer leurs opérations pour des coûts inférieurs, les rendant artificiellement plus compétitives. Mais aujourd’hui alors que la Russie travaille vite à sortir du dollar en passant à des arrangements commerciaux en monnaies bilatérales (soutenues par de l’or en cas de déséquilibres du marché), elle cherche aussi des moyens de faire tourner la planche à billets à son avantage. Jusqu’à présent le diktat de Washington a été : “Nous pouvons imprimer autant d’argent que nous le souhaitons, mais vous, vous ne pouvez pas, ou bien nous vous détruirons.”

Mais cette menace résonne dans le vide, et la Russie n’utilisera plus ses revenus en dollars pour acheter de la dette US. Une des propositions actuellement sur la table est de rendre impossible le paiement des exportations russes de pétrole avec autre chose que des roubles, en établissant deux places de marché pétrolières, une à Saint-Pétersbourg et l’autre sept fuseaux horaires plus loin, à Vladivostok. Les acheteurs étrangers de pétrole devraient alors gagner leurs pétro-roubles de façon honnête – par le commerce bilatéral – ou, s’ils ne peuvent produire suffisamment de biens que les Russes veulent importer, ils pourront payer leur pétrole avec de l’or (tant que les approvisionnements dureront). Ou bien les Russes pourraient simplement imprimer des roubles, et, pour être sûr que cette production ne provoque pas d’inflation intérieure, ils pourraient exporter une partie de cette inflation en jouant sur le robinet de pétrole et les taxes douanières sur l’exportation de pétrole. Et si George Soros et ses semblables décident d’attaquer le rouble en vue de le dévaluer, la Russie pourrait défendre sa monnaie simplement en en imprimant moins pour un temps – plus besoin d’accumuler des réserves de dollars.

Jusqu’ici, tout cela ressemble à une guerre économique typique : les Américains veulent obtenir tout ce qu’ils veulent en imprimant de la monnaie et en bombardant les réfractaires, ou en sanctionnant quiconque leur désobéit, pendant que le reste du monde tente de leur résister. Mais début 2014, la situation a changé. Il y a eu un coup d’Etat à Kiev, à l’instigation des USA, et au lieu de se retourner et de faire le mort comme ils étaient censés le faire, les Russes ont mis sur pied avec un plein succès une campagne rapide et brillante pour reprendre la Crimée, puis ont pu faire échec à la junte de Kiev, l’empêchant de consolider son contrôle sur le reste des anciens territoires ukrainiens en laissant entrer les volontaires, les armes, les équipements et l’aide humanitaire – et des centaines de milliers de réfugiés sortir – à travers la frontière parfaitement théorique entre l’Ukraine et la Russie, tout en évitant toute confrontation militaire directe avec l’OTAN. En voyant tout ceci au journal du soir, la population russe s’est réveillée de sa torpeur politique, s’est redressée, a été attentive, et a propulsé la popularité de Poutine jusqu’aux sommets.

“L’optique” de tout ceci, comme ils disent à la Maison Blanche, est plutôt inquiétante. Nous voilà près du 70e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, un moment historique pour les Russes, qui s’enorgueillissent d’avoir vaincu Hitler presque à eux seuls. Au même moment, les USA (l’ennemi de toujours autoproclamé de la Russie) entreprennent de réveiller et de nourrir le monstre du nazisme juste à la frontière russe (à l’intérieur des frontières de la Russie, diraient certains Russes/Ukrainiens). Ceci rappelle aux Russes ce qu’est la mission historique de la Russie dans “le concert des nations” : briser les tentatives des autres nations de dominer le monde, que ce soit la France napoléonienne, l’Allemagne hitlérienne ou l’Amérique obamaniaque. Chaque siècle ou presque, une nation oublie ses leçons d’histoire et attaque la Russie. Le résultat est toujours le même : des monceaux de cadavres dans la neige, puis la cavalerie russe galopant dans Paris ou les tanks russes entrant dans Berlin. Qui sait comment cela se terminera cette fois-ci ? Peut-être qu’il y aura des hommes polis et fortement armés, en uniformes verts sans insignes, patrouillant dans les rues de Bruxelles ou de Washington, DC. Le temps nous le dira.

Vous pourriez penser qu’Obama a déjà trop tiré sur la corde, et qu’il devrait se contenir. Sa popularité chez lui est à peu près l’inverse de celle de Poutine, c’est-à-dire qu’Obama est toujours plus populaire qu’Ebola, mais pas de beaucoup. Il ne peut absolument rien mener à bien, aussi inutile ou futile que cela soit, et ses efforts jusqu’à présent, que ce soit chez lui ou à l’étranger, ont été essentiellement des désastres. Alors que va décider de faire ce travailleur social devenu mascotte nationale ? Du point de vue russe, il a manifestement décidé de déclarer la guerre à la Russie ! Au cas où ça vous aurait échappé, voyez son discours devant l’assemblée générale de l’ONU. Il est disponible sur le site web de la Maison Blanche. Il a placé la Russie directement entre Ebola et EIIL parmi les trois plus grandes menaces auxquelles le monde fait face. Du point de vue russe, ce discours sonne comme une déclaration de guerre.

Il s’agit d’un nouveau type mixte de guerre. Ce n’est pas la guerre totale à mort, quoique selon les standards de la guerre froide, les USA soient plutôt imprudents vis-à-vis d’une confrontation nucléaire. C’est une guerre de l’information – fondée sur des mensonges et des calomnies injustes ; c’est une guerre financière et économique – par l’utilisation de sanctions ; c’est une guerre politique — qui utilise le renversement violent de gouvernements élus et le soutien à des régimes hostiles aux frontières de la Russie ; et c’est une guerre militaire – qui utilise des coups inefficaces, mais insultants, comme de poster une poignée de soldats américains en Estonie. Et les buts de cette guerre sont clairs : il s’agit de saper la Russie économiquement, de la détruire politiquement, de la démembrer géographiquement, et d’en faire un Etat vassal docile qui fournisse des ressources naturelles à l’Occident pratiquement pour rien (contre quelques oboles envers une poignée d’oligarques russes et de mafieux qui joueront le jeu). Mais il semblerait que rien de tout cela ne se produise parce que, voyez-vous, un grand nombre de Russes ont saisi les enjeux, et choisiront des dirigeants qui, en Occident, ne l’emporteraient pas à des concours de popularité, mais qui les mèneront à la victoire.

Étant donné la prise de conscience du fait que les USA et la Russie sont, qu’on le veuille ou non, en état de guerre, aussi opaque et confuse soit-elle, les gens en Russie essaient de comprendre le pourquoi de la situation et ce qu’elle signifie. De toute évidence, les USA ont vu la Russie comme l’ennemie depuis la Révolution de 1917, sinon avant. Par exemple, nous savons qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les décideurs militaires américains pensaient à déclencher une frappe nucléaire contre l’URSS, et la seule chose qui les a retenus était qu’ils n’avaient pas assez de bombes, ce qui voulait dire que la Russie pouvait prendre toute l’Europe avant que les effets des frappes nucléaires ne l’en ait empêchée (la Russie n’avait pas encore l’arme nucléaire à l’époque, mais elle comptait de nombreuses forces conventionnelles au cœur même de l’Europe).

Mais pourquoi avoir déclaré la guerre maintenant, et pourquoi a-t-elle été déclarée par ce travailleur social devenu bonimenteur national ? Quelques observateurs pénétrants ont mentionné son slogan “l’audace de l’espoir”, et se sont risqués à supposer que ce genre d’”audace” (qui en russe ressemble beaucoup à “folie”) pourrait être un élément central de son caractère, qui lui donne l’ambition d’être le maître de l’univers, comme Napoléon ou Hitler. D’autres ont étudié le charabia de sa première élection présidentielle (qui a tellement excité les jeunes bêtas américains) et découvert qu’il avait de belles choses à dire sur certains acteurs de la guerre froide. Pensez-vous qu’Obama soit peut-être un savant historien et un géopoliticien madré à part entière ? Cette question déclenche en général un bon éclat de rire, car la plupart des gens savent qu’il est juste un benêt qui répète quoi que ce soit que ses conseillers lui disent de dire. Hugo Chavez a dit de lui une fois qu’il était “otage à la Maison Blanche”, et il n’était pas trop loin de la vérité. Alors, pourquoi ses conseillers sont-ils si pressés d’entrer en guerre contre la Russie, maintenant, cette année?

Est-ce parce que les USA s’effondrent plus vite que ce que la plupart des gens ne l’imaginent ? Selon ce raisonnement, le schéma de domination mondiale américaine à travers l’agression militaire et la planche à billets illimitée est en train de s’écrouler sous nos yeux. Le public ne veut plus de troupes au sol, les campagnes de bombardement ne font rien pour contenir les militants que les Américains ont eux-mêmes aidé à organiser et à équiper, l’hégémonie du dollar s’effrite un peu plus chaque jour, la Réserve Fédérale est en panne de solutions-miracles et va devoir choisir entre sacrifier le marché boursier ou sacrifier le marché obligataire.

Afin d’arrêter, ou tout du moins d’anticiper cette chute dans un néant financier, économique et politique, les USA doivent agir rapidement pour saper toute économie concurrente dans le monde, par tous les moyens encore à leur disposition, que ce soit une campagne de bombardement, une révolution ou une pandémie (bien que cette dernière puisse être un peu difficile à garder sous contrôle). La Russie est une cible évidente, parce qu’elle est le seul pays au monde qui a eu le cran de montrer une stature internationale dans l’affrontement avec les USA et l’aptitude à les contenir ; c’est pourquoi la Russie doit être punie en premier, pour que les autres restent dans le rang.

Je ne suis pas en désaccord avec ce raisonnement, mais je voudrais y ajouter quelque chose.

Tout d’abord, l’offensive américaine contre la Russie, tout comme celle de la plus grande partie du reste du monde, porte sur ce que les Américains aiment appeler “les faits sur le terrain”, et il faut du temps pour créer ces faits. Le monde ne s’est pas construit en un jour, et il ne peut être détruit en un jour (à moins d’utiliser des armes nucléaires, mais alors il n’y a pas de stratégie gagnante pour quiconque, USA inclus). Mais le château de cartes de la finance peut être détruit assez rapidement et là, la Russie peut obtenir beaucoup en risquant peu. Financièrement, la position de la Russie est si solide que même les trois agences occidentales de notation n’ont pas eu le cran de dégrader la note de la Russie, malgré les sanctions.

Voilà un pays qui rembourse sa dette extérieure avec dynamisme, qui a un excédent budgétaire record, une balance des paiements positive, qui amasse des réserves physiques d’or, et pas un mois ne s’écoule sans qu’il ne signe un important accord commercial international (qui contourne le dollar US). En comparaison, les USA sont un cadavre ambulant : s’ils ne pouvaient continuer à refinancer des milliers de milliards de dollars de dettes à court terme chaque mois à des taux bas record, ils ne pourraient payer les intérêts de leur dette ou leurs factures. Adieu Etat providence, bonjour les émeutes. Au revoir industrie militaire et police fédérale, salut chaos et frontières ouvertes. Maintenant, changer les “faits sur le terrain” requiert des actions tangibles, alors que créer une panique financière nécessite juste quelqu’un pour crier “hou !” de manière assez forte et assez effrayante.

Ensuite, il faut bien comprendre qu’à ce stade l’élite dirigeante américaine est presque entièrement sénile. Les plus vieux semblent réellement séniles au sens médical du terme. Prenez Leon Panetta, l’ancien secrétaire de la Défense : il fait la promotion de son nouveau livre, et il en est encore à accuser le président de la Syrie, Bachar el Assad, d’avoir gazé son propre peuple ! Aujourd’hui, n’importe qui d’autre sait qu’il s’agissait d’une attaque sous fausse bannière menée par quelques rebelles syriens sans cervelle aidés par des Saoudiens, dans le but de fournir une excuse aux USA pour bombarder la Syrie – vous savez, encore la bonne vieille blague des “armes de destruction massive”. (D’ailleurs, ce genre d’insistance idiote, répétitive, sur de faux prétextes semble un signe certain de sénilité.) Ce plan n’a pas fonctionné parce que Poutine et Lavrov sont intervenus et ont rapidement convaincu Assad d’abandonner ses stocks inutiles d’armes chimiques. Les Américains étaient livides. Tout le monde connaît cette histoire,  sauf Panetta. Vous voyez, quand un officiel américain commence à mentir, il ne sait plus comment s’arrêter. L’histoire commence toujours par un mensonge, et quand des faits qui contredisent l’histoire initiale se font jour, ils sont simplement ignorés.

Voilà pour la vieille garde sénile, mais alors quid de leurs successeurs ? Eh bien, le représentant parfait de ces jeunes est Hunter Biden, le fils du vice-président, qui a fait une tournée des vices en Ukraine l’été dernier, et s’est retrouvé par inadvertance dans un siège du conseil d’administration de la plus grosse compagnie de gaz naturel d’Ukraine (à qui il ne reste guère de gaz). Il en est parti parce qu’il était accro à la coke. En plus des nombreux héritiers désignés d’office, tel le fils du vice-président, il y a aussi un certain nombre de bergeries pleines de diplômés bêlants des universités de l’Ivy League (NDT : Harvard, Yale, Princeton…) qui ont été spécialement dressés pour occuper des postes hauts placés. Ce sont les “excellents moutons” du professeur Deresiewicz.
Il n’y a pas grand-chose auquel ces gens, jeunes ou vieux, ne puissent faire face. Honte internationale, défaite militaire, catastrophe humanitaire – tout cela rebondit sur eux et vous revient dans la figure pour l’avoir évoqué et avoir été trop négatif envers leur propre vision en rose d’eux-mêmes. Le seul coup qu’ils puissent ressentir est un coup au portefeuille.

Ce qui nous ramène à mon premier point : hou !

Source : Club Orlov, le 21/10/2014
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.